Automne 98

Aléas de la vie de tous les jours *

Dîner en ville *

Dominique meurt d'un cancer ! *

Je n'irai pas à Paris. *

Famille *

Le train est arrivé ! *

Heureux. *

Dazou *

Le visiteur *

Aléas de la vie de tous les jours

J'ai passé l'après-midi avec une personne d'un bon troisième âge, qui s'intéresse à l'ordinateur. Elle n'a été mariée que 14 années. Veuve depuis peu, elle garde un souvenir attendrissant de son mari alors qu'à mon âge elle devait être encore célibataire… J'aime son regard sur la vie, plein de confiance et de dynamisme. 

* 05 11 Un petit mot avant de repartir au milieu de ma tournée et donner mon cours de yoga du jeudi matin. Avec les perturbations de ces derniers jours, je me retrouve bien handicapé : je me suis fait arracher toutes mes dents du haut pour supporter un appareil bien embarrassant et qui ne me permet pas encore de manger.

Ce soir je vais donner mon deuxième cours du jeudi et ensuite je vais chanter. Entre temps je m'occuperai un peu du jardin. Ce matin au petit jour le héron était encore là, tout près de la maison à guetter les derniers poissons survivant à sa pêche impitoyable.

J'en suis tout bouleversé, tellement il est impressionnant.

* 07 11 Je quitte un stage de chant. Le thème : "Poulenc". J'ai l'impression de m'être sorti, d'avoir approfondi ma connaissance de la musique contemporaine, d'avoir exercé mon oreille et mon attention. Je continue demain dimanche.


Dîner en ville

Hier soir, j'étais invité à dîner chez mes amis Lydie et Henri H. Content de retrouver cette autre famille il me reste une impression de malaise quand à mon comportement. Peu bavard dans la société j'ai l'impression de passer pour un personnage sauvage et peu intéressant. Je crains de me faire rejeter ; ce qui arrive la plupart du temps. C'est "mon scénario".

Exceptées les fleurs de mon jardin, je n'avais pas grand chose à partager. Chacun exposait le récit de ses derniers voyages. Avec eux, sans frais et en peu de temps, je suis allé en Roumanie, en Chine et même en Corrèze…J'imaginais passer pour un ours qui ne sort pas de chez lui et ne trouvant de l'intérêt que dans son entourage proche, incapable de présenter agréablement ses engagements. Il y a vingt ans nous partagions ensemble les réflexions et les activités du mouvement Vie Nouvelle. Le groupe s'est dispersé sans se perdre de vue. Je suis resté proche de certains. Cette réactualisation de nos rencontres passées m'a fait du bien. Merci à Lydie que j'ai soutenue dans l'animation du groupe il y a vingt ans.

Répondant et prévenant une question qu'on pourrait me poser : 

<< Où en suis-je dans ma relation aux femmes ? >>

Célibataire, divorcé ? Je n'arrive pas encore à intégrer cette situation. Il me semblait qu'être marié impliquait un engagement pour la vie. Dans mon respect de la liberté d'autrui je ne veux contraindre personne à penser comme moi et d'autre part, avec le temps, ma pensée évolue. Pour dire que j'ai eu du mal à admettre la séparation en 1988 d'avec "la mère de mes enfants" et le divorce deux ans plus tard. Maintenant c'est un souvenir comme un autre et je fais ma vie avec les moyens du bord qui sont encore fonctionnels.

Certes, je peux imaginer qu'une présence physique, une intimité de tous les jours me conviendrait sans doute beaucoup mieux mais je crois que ce n'est pas la situation qui m'est donné à vivre. 

Avec Geneviève B, nous avons, depuis…longtemps une relation paisible et harmonieuse. Tout en vivant sa vie, familiale, de couple, professionnelle, dans sa région, nous restons dans une proximité de tous les jours même si nous nous voyons beaucoup trop peu. Nous nous estimons reliés sur le plan de l'âme quelques soient les modalités qui nous sont proposé de parcourir. Ainsi, la direction qu'en accord nous avons choisie est, qu'en priorité, Geneviève tente de reconstruire sa vie de couple qui vacillait.


Mon cousin Dominique meurt d'un cancer !

"J'apprends avec beaucoup d'émotion que ton frère Dominique est décédé la nuit dernière". Disais-je à François S.

J'étais son voisin en février dernier à Nangis. En évoquant son enfance et sa partenaire de jeux, il était intervenu en rendant présente Martine récemment décédée, comme si elle l'appelait... !

Il y a à peine un mois à Artanne, j'entendais qu'il allait mieux...La maladie est allée très vite ! 

J'espère être parmi vous lundi prochain à Vincennes. Recevez déjà toutes mes condoléances." 

Eh bien non je ne pourrai pas être des vôtres lundi ! Je me sens solidaire de votre peine et je la partagerai à distances. 

Chaque disparition d'un de nos proches, surtout s'il était plus jeune, nous renvoie à Celle qui nous attend et à la façon dont nous y préparons. 

Restons éveillés et fidèles au Principe qui nous rassemblera. Marc
 
 


Je n'irai pas à Paris.

J'ai volé les "Paroles" de Prévert à BL.

Il me les avait refusées, mais aujourd'hui, 

tel un mort-vivant, il assiste sans réagir 

à l'organisation de ses obsèques.

Je n'irai pas enterrer mon cousin ni voir mon fils Lambert. 

Je n'irai pas à Paris où nous aurions pu nous rencontrer dimanche. 

Je choisis de garder mon programme habituel 

et mon rendez-vous chez le dentiste. 

La vie est ici en attendant qu'elle soit éternelle. 

Il fait triste, l'ombre du héron plane sur le jardin. 

Les poissons s'inondent au plus profond. 

Les pies se sauvent à la première alerte.

Sous mes yeux, la petite fontaine rejette l'eau dans la vasque, 

entretenant un mouvement continu.
 
 


Famille

Quand j'évoque ma fratrie c'est, le plus souvent, pour en souligner le nombre important d'éléments. 

Notre mère, après avoir eu huit enfants est décédée après avoir connu vingt-huit de ses trente-six petits-enfants. Thérèse, le cinquième de mes sœurs, comme moi-même vieillissantes, fait scrupuleusement l'état des quatre-vingt-cinq arrière-petits-enfants. Elle tient de la même façon, le registre des familles des cousins germains et autres qui se comptent difficilement. Dominique S. qui vient de disparaître était un des plus jeunes de notre génération.

Je suis donc le dernier de ma famille directe qui a déjà perdu deux des trois garçons. Entre nous règne une ambiance fraternelle , chaleureuse sans histoire dramatique. Un lien fort nous relie mais nous ne nous mélangeons pas beaucoup. Chacun a bien à faire pour gérer sa propre descendance. J'ai l'impression d'être le seul à m'exprimer sur ce que je vis.


Le train est arrivé !

Il n'y a pas de grève pour le train de la vie. Et pourtant on ne sait pas l'heure de son passage.

C'est ce matin que celui de BL est entré en gare. Il était annoncé depuis deux mois. J'ai fait ma dernière visite après vingt ans de soins pour sa maison. 

BL avait fait ses valises. Il était à moitié parti depuis deux mois. Il ne faisait plus que clignoter depuis le soir où je lui ai fait mes adieux. Bien entouré par ses enfants, petits enfants, et arrière petits enfants il s'est éteint comme une bougie de Noël.

Après avoir connu des fins dramatiques et de séparations douloureuses, j'envie ces nobles fins dont j'ai pu être témoin comme pour Jean C, l'année passée. C'est une belle faveur pour une personne qui a privilégié, sa vie durant, la probité et le service de l'humain. 


Heureux.

17 11 Alain Simon enseigne le théâtre comme un patriarche depuis de nombreuses années. Avant l'atelier, alors que je lui demandais s'il deviendrait un jour sénateur, il me disait : "Toi tu es heureux, tu as choisis la meilleure part, ton jardin, ton ordinateur, tes textes, tes amies…" Il voit juste. Est-ce Flavie qui le tient si bien au courant de mon mode de vie ?

Je n'écris pas pour mon seul besoin personnel. Je voudrais être lu, discuté, confronté et d'autre part je ne m'impatiente pas, j'avance sur mon chemin, convaincu que l'avenir justifiera ma méthode d'une façon ou d'une autre. 

"Tout le monde n'a pas envie de s'exprimer". Certes le désir d'écrire est particulièrement dynamisant. L'argument ne me parait pas suffisant. Comme dans la respiration, la communication sous ses différentes formes est une nécessité pour la relation. L'intimité dépend des échanges au niveau des comportements, des émotions et de la pensée.

Me voici interpellé. En cherchant à utiliser l'ordinateur de façon performante, je me passionne pour la correspondance par émail et par fax. Comme maintenant, les réflexions que je suis amené à faire donnent un sens nouveau à mon existence. 


Dazou

Dazou est une personne que je n'ai jamais vue avec qui j'entretiens une correspondance depuis un mois et dont je ne connais même pas le nom ( je suis sûr qu'il n'y a que moi qui l'appelle Dazou. J'aime beaucoup ce rêve que je fais avec elle ! ). Elle écrit :

<< J'espère en tout cas que cela te fera du bien au cœur et sans aucun doute tu dois revenir ravi de ces séances de chants. Tu chantes en public ? >>

* 28 11 Je chante aussi sous la douche :

"Toute la pluie tombe sur moi... Je suis content ! " ...


Le visiteur

04 12 Alors qu'avant de me coucher je proposais à Dazou, par émail, un beau programme, de quoi me faire rêver…, nous avons eu, cette nuit, une étrange visite.

Vers 1 heure Matthieu qui somnolait devant la télé entend du bruit dans son séjour. Surpris, et j'imagine effrayé, il se trouve nez à nez avec un inconnu, un homme petit, la cinquantaine. Manifestement il y avait une énigme. Un rôdeur ? un indésirable dérangé dans une tentative de vol ? Matthieu l'appréhende et le prenant par le collet me l'amène dans ma chambre alors que je m'étais installé tranquillement dans les bras de Morphée.

Je me lève et vais participer à l'interrogatoire. Cet intrus, tentant le naturel, se présente comme un dépressif cherchant de la compagnie. Voyant de la lumière, il aurait frappé, et la porte n'étant pas verrouillée il serait entré tranquillement à deux pas de Matthieu. Il avance qu'un jour, Colette lui aurait fait visiter la propriété. Nostalgique, il en avait fait l'objectif de sa nuit. Je vérifie son identité, une carte de réduction de 50%. Après lui avoir servi un verre d'eau nous estimons n'être pas en mesure de satisfaire son désir profond et l'invitons à retrouver sa voiture pour retourner chez lui. 

De la situation, notre hôte in désirable s'est tiré, sans doute, à bon compte. J'étais partagé entre l'hospitalité et l'appel de la police. Souhaitons que cette escapade ai aidé cet individu à retrouver ses idées qu'il semblait avoir perdues. Il valait mieux que la fourrière, différemment des chiens qui vaquent impunément et régulièrement sur notre terrain .
 

Suite : Jardinage

Vers la fin de l'année 1 / 2 / 3 / 4