Septembre, bientôt l'automne ! *

Les vacances à Laval d'Aurelle l *

Dérapages. *

Faire plus *

La loi du plus fort *

Le train arrive bientôt ... *

"à David " *

Jean-Philippe au cinéma. *

Encore le héron. *

* 26 10 Le nouvel ordinateur. *


Les vacances à Laval d'Aurelle l

J'ai pris presque deux jours de vacances, avec Jean-Philippe à Laval d'Aurelle. C'est un charmant village au bout du monde, dans la Lozère. Fin septembre, il fait beau. Des odeurs de hêtre et d'herbe fraîche planent sur la vallée où coule une rivière qui semble avoir du mal à échapper aux montagnes qui la côtoient. Les fraises du jardin font la joie de William.

Oui, nous avons rejoint nos voisins du dessous qui en étaient à la fin de leur séjour. On dirait que je ne peux pas me passer d'eux et de la petite dernière qui change tous les jours. Les cheveux courts, elle ressemble à un petit garçon. Je passe de longs moments à la regarder comme lorsqu'elle s'installe, assise par terre, dans la pièce où travaille Grand-père, pour faire l'inventaire des jouets mis à sa disposition.

Je cherche à deviner son devenir...Elle a neuf mois. Pour moi c'est un cap que notre fille Céline n'avait pas dépassé. Camilla vit le présent avec bonne humeur. D'une attention émerveillée aux ébats de son frère, elle passe aux manipulations, les deux mains en même temps, des objets qui l'entourent. Elle s'énerve mais se calme rapidement. Je me ressource de sa vitalité.

Camilla dort maintenant. Je m'extasie en réalisant que les enfants de cet âge, et pendant quelques années, ne gardent aucun souvenir de leurs expériences. Ils les enregistrent dans leurs cellules et ne sortent de la brume que vers six ans. Les émotions se collent ensuite à la mémoire des faits comme des fichiers joints. Le subconscient les gère. Bien plus tard, certains événements ébranlent le passé et réactivent d'une façon inattendue les sentiments qui s'y sont accrochés.

Me voyant prendre de l'âge, je pense que je pourrais prendre ma retraite dans cette région si calme. Je prendrais mon ordinateur comme compagnie. Jean-Philippe me disait qu'il avait commencé à réaliser que je vieillissait quand je me suis mis à hésiter pour chausser les skis. Dans mon souvenir, c'est à 36 ans, au moment du décès de Céline que, me trouvant trop vieux, j'ai arrêté le tennis.
 
 



 
 

Dérapages.

02 10 Le mauvais temps me pousse à revenir rapidement à l'ordinateur.

Un peu dépressif, je suis affecté par les réactions de mes enfants à mon égard.

Les faits :

Au moment de partir donner mon cours de yoga, à 17h30 : plus de voiture ! JPhi parti depuis 14h faire des courses n'était pas rentré. Aucun véhicule de rechange pour mon usage. A 17h50 je suis chez une voisine en train de négocier un emprunt quand je vois la 205 passer. Je remercie et court comme un fou pour récupérer mon véhicule et tenter de limiter mon retard.

J'ai allongé la fin de mon cours mais n'ai plus pensé à mon engagement de prendre Chloé au passage. Une banalité mais je m'affecte de ne pas respecter ma parole comme si j'étais atteint de la maladie d'Alzheimer.

Je tiens à alerter mes jeunes sur des détails qui me sont revenus cette nuit : pas de nouvelles de L. ou JPhi. dès le moment où ils n'ont plus besoin de moi. Je ne les trouve pas suffisamment attentifs. J'attends qu'ils me demandent ce que je pense, car être un repère, devient, à mon avis, ma principale fonction Je ne veux pas être uniquement une bouée de sauvetage ou une banque de crédit. Image forte, expression hâtive, pour traduire une souffrance : celle d'un père qui se trouve utilisé sans être suffisamment considéré. Qu'ils comprennent que j'ai de plus en plus de difficultés à les rejoindre dans leurs engagements, leurs activités, leur organisation familiale. C'est à eux de venir jusqu'à moi. Je suis toujours disposé à leur rendre service et très souvent prêt à faire le bouche trou, mais ce n'est pas ma préoccupation principale, j'ai d'autres aspirations. Je souhaite être un éveilleur de conscience en plus d'un "baby-sitter" ou d'un jardinier.


Faire plus

Tout frétillant JPhi s'est envolé pour Paris dans un premier temps, pour y accomplir un stage de mise en route dans l'entreprise avec laquelle il a signé un contrat de travail. Affecté à la comptabilité de Matra il doit participer dans une filiale de Munich à la tâche d'un bureau d'études qui présente des bilans à la direction internationale. Il rejoindra donc cette ville dans une huitaine de jours. En février prochain, dans le cadre de la Coopération, il effectuera sur place et dans son nouveau poste sa période de service militaire.

Très fier de son titre d'ingénieur, il estime avoir atteint ses objectifs et voudrait s'installer "dans la vie" en arrêtant de batifoler ( c'est ce que j'ai compris ). Trouvera-t-il l'âme sœur qui saura accrocher ses qualités humaines sans se laisser tromper par ses talents de séducteur ?

Il a admis que, pour moi, ce n'est pas la réussite sociale qui importe. Je souhaite qu'il utilise ses capacités d'adaptation, son goût de la facilité, son potentiel intellectuel, à la réalisation d'une belle cause humaine. Il sait que, pour lui comme pour mes proches, je suis un soutien inconditionnel. Je lui ai confié une copie de mes derniers textes qui le concernaient en espérant qu'il n'attendra pas que je sois mort pour les lire.

Oui, c'est le moyen privilégié que j'ai trouvé pour me manifester.

D'une façon scénarique, peut-être, mais jusqu'à ces dernières années, je n'ai pas eu accès à la parole. Je la prends maintenant et mon impudeur trouve sa justification. Je souhaite que mes enfants et ceux qui le peuvent, en profitent avant mon décès. Je ne veux pas dire que je les enterrerai tous, bien que ce soit déjà commencé, hélas ! mais qu'ils n'attendent pas mes obsèques pour essayer de comprendre ce que j'avais à dire. A ce moment, je trouve qu'il est bien tard pour régler ses comptes ou témoigner de son affection, l'intéressé n'en a que faire ! Si, à cette occasion les participants se laissent inviter à préparer leur propre mort, alors c'est un point gagné.

Il me paraît souhaitable de faire plus ; je propose de me rejoindre en lisant mes écrits. Et, si c'est possible, de m'en renvoyer quelquechose.


La loi du plus fort

Au cours d'un repas de famille la discussion arrive sur les caprices de Yaël. AFr. expose un incident qui se résumerait à un désir de Yaël de regarder une cassette vidéo.

<< Maman a dit que je pourrai voir un film ! >>

Trouvant l'occupation inopportune, AFr rétorque :

<< Chez toi ta mère peut dire certaines choses ; ici, c'est moi qui commande. >>

Autoritaire, protectrice, gestionnaire de la petite famille dont elle a momentanément la garde et la responsabilité, elle donne des limites. Pour moi, dans l'instant, préoccupé par le va et vient ambiant, les impératifs du moment, j'entends mais ne réagit pas. Difficile de confronter positivement et à la va vite cette position de bon sens.

Pourtant l'idée me poursuit, dans l'après-midi profitant d'un moment de calme, j'en parle à l'intéressée. Je propose d'élargir le problème : N'y aurait-il pas d'autres réponses à faire à une enfant qui approche l'âge de raison plutôt que de l'enfermer dans une relation de pouvoir bien classique. Ma proposition est de faire appel au discernement et à la responsabilité de l'enfant en lui donnant les repères et les raisons d'agir plus judicieusement avant de la contraindre par la "loi du plus fort".

Concrètement : donner les raisons supposées de la permission maternelle dans un contexte et un temps différents et expliquer en quoi elle est incompatible avec les exigences du moment.

Je pense que c'est mon rôle de participer à une ouverture de la conscience de mes enfants vers ce que je considère comme une démarche pour une société plus juste.


Le train arrive bientôt ...

16 10 98 à 17h45 Ainsi, nous nous rapprochons du terminus de notre voyage sur cette terre.

Hier soir je pensais que ma visite à BL serait la dernière tellement je le voyais affaibli.

Alors, avec de l'émotion dans la voix, j'ai entrepris de lui dire "Au revoir". Il m'a écouté sans répondre...

<< On ne sait ni le jour ni l'heure... Que ce soit cette nuit, demain ou dans un an, peu importe, il faudra bien arriver au bout du voyage, le temps ne se compte plus dans l'éternité. Vous avez à vous préparer à entrer dans une nouvelle vie. Vous allez avoir la visite de vos enfants. Je vous encourage, si ce n'est déjà fait, à régler les questions qui seraient en suspens pour vous préparer à partir détendu quand le moment sera venu.

Pour moi sachez que j'ai été heureux de vous soigner, de vous avoir côtoyé régulièrement, d'avoir fidèlement mérité votre confiance et parfois vos confidences. Les échanges que nous avons eus m'ont conforté dans le bon sens et la générosité. Si je le peux, je continuerai à vous accompagner. De toutes façons, je ne vous perd pas et vous retrouverai.

Vous savez sûrement combien vous êtes aimé, chéri par vos enfants. Depuis plus de vingt ans que je vais chez vous je connais presque tout le monde et particulièrement vos filles. Je les admire. J'ai pu constater l'affection qu'elles vous portent. Rassurez les. Leur mère vous attend et vous accueillera, ainsi que tous les êtres chers qui vous ont déjà quitté. Ne vous accrochez pas. Laissez votre train arriver tranquillement. >>

Ce matin BL continuait doucement son chemin...


"à David "

J’ai été comblé de vous avoir tous les trois autour de moi, ce week-end. Content aussi d’avoir conversé avec toi. Tu m’écoutes avec attention, comme si j’avançais des propos d’autre monde.

Oui, je pense que les difficultés que vous vivez à Pont de Bayeux, Laurence et toi, avaient l’avantage de focaliser sur Nicole votre énergie négative qui est le lot de tout un chacun. Je crains donc qu’en son absence vous trouviez des sujets de tension dans la vie quotidienne que vous aurez à traiter ensemble.

Prenons un exemple : quatre personnes, (au hasard,) s’en vont en excursion avec leur matériel nécessaire dans un sac. Si la personne qui le porte, trouve le fardeau trop lourd, elle peut partager le contenu avec les autres, si c’est possible, ou prendre le risque de l’abandonner. De même si au bout d’un certain temps la compagnie d’un équipier devient pesante, je peux…

L’important, me semble-t-il, est de discerner ce que je vais gagner, perdre et négocier en connaissance de cause.

Je crois que nous ne nous apercevons pas que les problèmes viennent de nous-mêmes.

Nous avons tous nos faiblesses et plutôt que de composer nous préférons, de bonne foi, en charger les autres.

Imagine que tu habites la même maison que moi, mes manières de faire vont, rapidement, t’indisposer et tu trouveras odieuses mes remarques sur ta façon de beurrer tes tartines…

Une succession de détails de ce genre et la vie devient un enfer. Alors faire des concessions ? Quelle est la solution ? On se fâche ou on tombe malade.

Mon avis est donc d’opérer un travail sur soi permanent et faire des mises au point régulières avec bienveillance qui est une qualité de l'amour.


" çà nous convient", dit Matthieu.

Le 27 10 à 10h32 J'attends Laurence qui s'est engagé à me prêter une voiture et je vais être en retard dans mes rendez-vous, avant d'aller chez le dentiste à 11h. C'est stressant...

J'ai été amené à emprunter la voiture des Cassel. Laurence avait complètement oublié ses engagements. Matthieu qui a, lui aussi, attendu que notre chère étourdie trouve la clé dans la poche de David qui était, lui, au travail à Gardane, m'a sorti "qu'avec mes histoires" il avait attendu une heure au garage.

En fait, il me reprochait, à cette occasion, mon manque d'organisation précise. Si je suis emprunteur, je dois vérifier plusieurs fois et particulièrement la veille au soir si le marché tient toujours.

Quand, ensuite, j'ai avancé que son parking de motos et de grosses voitures ne me rendait pas service quand, moi, j'avais besoin d'être dépanné, il m'a répondu tranquillement que "ça lui convenait bien". Sous-entendu je n'ai qu'à faire avec et prendre mes dispositions autrement.

Mon désir de bonne cohabitation avait atteint ses limites et je me suis mis en colère. Son habitude, déformation professionnelle, je le comprends ainsi, de vouloir faire danser tout le monde et moi avec, sans se préoccuper des attentes, use ma patience. Je veux respecter les particularités de tout un chacun mais souhaite être entendu et respecté.

En tous cas je cherche à provoquer des explications une fois le calme revenu.


Jean-Philippe au cinéma.

<<Hier, je suis allé avec Cordula voir le Soldat Ryan. Tu l´as vu ? C´est à couper le souffle. C´est la guerre et c'est épouvantable... Mais je pense qu'un film comme ca est nécessaire pour que ma génération, qui nia pas connu la guerre, ne se fasse pas de fausses et belles idées sur elle.>>

Je lui réponds : <<Moi je ne vais plus au cinéma, je n'aime pas y aller tout seul, et quand tu étais ici pendant trois semaines nous n'avons même pas trouver le moment pour y aller ensemble ! >>

JP : C'est vrai que nous ne sommes pas aller au cinéma ensemble, quand j'étais à Aix, mais, si on réfléchit bien, on y est pas souvent allé, au ciné, ensemble. Je pensais que tu avais coutume d´y aller avec Geneviève. Vous avez changé vos habitudes ? En tout cas, je suis comme toi : je ne supporte pas d'aller au cinéma tout seul.


Encore le héron.

28 10 Je le craignais. Il revient.

Ce matin encore, au lever du jour, je suis aller vérifier. Il était là, près du dernier bassin où il reste encore quelques poissons. A mon arrivée il s'envole, impressionnant, immense dès qu'il décolle alors qu'il n'est que pointu et léger au sol.

Pas de bassin, pas de poissons et pas de héron. Qui peut s'enorgueillir de la visite d'un tel oiseau ? Les pies sont bien tristes et d'une banalité énervante. J'aimerais qu'elles trouvent leur régulateur. Je n'ai nulle envie de les tirer à la carabine ou de placer des pièges persécuteurs. Les tourterelles, dont j'aime le ramage, font partie de leurs victimes comme les poissons rouges celles du héron. Il me reste à souhaiter que les rescapés sauront reprendre la place et me faire rêver… La loi de la nature impose ses droits.

A l'approche de la Toussaint mon cœur est à l'automne. La souffrance physique et morale que je côtoie régulièrement m'y renvoie. De belles couleurs, sans doute, vives et changeantes, mais que ce soit par le héron ou les chrysanthèmes je reste sensible au coté éphémère de notre vie. Faire des projets, rire, chanter, mais je veux ne pas oublier que l'essentiel, caché au fond de nous-mêmes, est notre actualité à découvrir.


* 26 10 Le nouvel ordinateur.
 
 

Sur les conseils de Phi, j'ai commandé et acquis un nouvel ordinateur, plus puissant, plus rapide, qui doit me permettre d'accéder à toutes les fonctions disponibles à l'heure actuelle.

Depuis trois jours je navigue entre les deux appareils, l'ancien et le nouveau, pour m'adapter progressivement. Le traitement de texte n'est pas identique, il me faut copier toutes les adresses émail et windphone, l'imprimante me paraît capricieuse, etc... à tel point que j'hésitais à abandonner l'ancien pour laisser le nouveau à Sylvie. En fait je vais le garder. Je passe un temps fou mais c'est passionnant.

Thierry m'amène l'ancêtre qui date de quatre années et nous allons avec Brice le rendre disponible pour Lambert. David s'est éclaté, hier, sur les photos et le scanner qui permet d'enregistrer les photos.

A l'usage, je m'habitue bien.

En fin de compte, le nouvel ordinateur est plus confortable, plus rapide. Je suis étonné de ses capacités "Je m'y colle" de plus en plus, j'y passerais mes journéess et mes nuits. Pour devenir performant je dois travailler d'une façon qui n'était pas jusqu'ici mon mode de vie.

Aux dernières nouvelles Lambert n'est pas prêt à venir ici chercher l'appareil que je lui destinais. Alors je vais voir si je trouve une autre affectation.

<< Bien reçu ton fichier joint pour Matthieu, dis-je à Jean-Philippe. Je l'ai transmis à l'étage inférieur. >> Je ne sais pas si j'avais le droit de le lire, mais j'y ai vu quelques fautes... En fait, c'est peut-être une blague ou un style, car même sans relire un gosse de cours élémentaire ferait mieux ?

Je suppose que, de ton côté, tu passes tes journées à faire des comptes et tu retrouves Cordula après le travail. bM
 
 


Prière sur l'ordinateur. 01.11.1998 à 04h .

Nous sommes venus sur cette terre, Seigneur,

pour te plaire

"My place" , un éventail de propositions

que j'utilise à tâtons,

pour choisir celle qui servira ton Amour.


Suite : Automne 98

Vers la fin de l'année 1 / 2 / 3 / 4