II Vers la fin de l'année 98


 
 
Un été s'achève. *

Etoiles filantes *

Les vacanciers *

Dans le jardin. *
Rêve OU Réalité *

A tous cœurs *

La perruche *

la perruche en péril ! *

Barrage filtrant *

Un été s'achève : Etoiles filantes

Je me suis levé cette nuit pour admirer les étoiles. Je dormais mal. Les médias nous avaient promis une pluie d'étoiles filantes. La nuit était douce ; toujours un peu d'air grâce à la végétation. Je me suis demandé si les arbres de mon jardin avaient grandi au point de me cacher le ciel ? En fait la chaleur et la pollution avaient installé un voile de brume que les étoiles perçaient difficilement.

L'invitation de Matthieu d'aller passer la fin d'après-midi au bord de la mer, était bien sympathique. L'eau était presque aussi chaude que sur les rivages brésiliens ; et à l'heure tardive où nous arrivions nous avons pu nous frayer un passage à travers les baigneurs pour aller barboter. William qui va sur ses deux ans, attend de savoir nager avant de se tremper. Avec plaisir, il éclate ses pâtés de sable sans avoir fini de les former. Très confiant sur ses arrières, il s'aventure seul, à la découverte des occupations oisives et parfois pittoresques des vacanciers. Camilla semblait se délecter en se gavant de pleines poignées de sable.

Pour moi, je ne goûte guère aux plaisirs de la foule. Gagné par le froid, le soleil s'étant caché, j'ai peu apprécié le pique nique rituel qui pouvait être un temps de rencontre plaisant. Il m'en est resté une digestion difficile. Le fameux gâteau au chocolat de Raphaël et Lambert en serait-il la cause ? Il avait beaucoup de brume sur les étoiles filantes...


Et vogue la galère !

Me voici parti pour une petite croisière de quelques jours, le temps de finir la saison avec les stagiaires et les estivants. 

Rassurez-vous ; je ne vais pas loin. Je ne quitte pas L'Escoubaïre. Je me suis simplement replié dans mon bureau. J'ai rassemblé près de la table de massage qui sert à tout, mon ordinateur, ma cuisine ambulante dans l'atelier avec le central téléphonique, mon lit, ma salle de toilette, mes archives, mes livres, ma musique...et le fouillis inutile que je conserve dans la cave. J'ai tout à portée de la main comme dans un bateau. Je fais quelques escales pour traiter les affaires du jour. Le paysage, c'est l'ordinateur qui me l'offre. Je peux aller à l'autre bout de la terre dans l'instant, laisser un message à mes correspondants, consulter l'encyclopédie sur cédérum, faire une partie d'échecs, travailler sur mes comptes ou sur mes textes.
 
 


Les vacanciers

20 août Cath M, JF, & leur famille viennent de partir. Voilà quatre années qu'ils viennent faire un séjour ici. Ils semblent se plaire. Ils ont intégré les habitudes de l'environnement et tout se passe parfaitement. Je suis un peu mal à l'aise du mal que Cath. se donne le dernier jour, au milieu de ses quatre enfants en bas âge, pour remettre la maison "en état". 

Pourtant il y a encore de l'animation : 

Sans attendre la libération totale des locaux, des stagiaires en art théâtral avec HH, ont pris place depuis trois nuits. Ils jouissent à leur tour des lieux de réunion, des chambres, de la piscine, pour y mener une vie communautaire pendant près de deux semaines. A partir de dimanche midi et dix jours de suite des sportifs suivant un stage de badminton seront une vingtaine à prendre leur repas autour du bassin.

Il faut aussi songer à la rentrée, trouver des locataires étudiants pour les appartements qui seront libres dès septembre. Et puis les enfants grandissent, William et Camilla ont pris des forces cet été, ils ont besoin de place. Comment envisager la transformation de la maison à échéance ? Vais-je m'installer dans l'annexe, actuellement salle polyvalente, ou ailleurs ?

 


Dans le jardin.

En attendant les premiers orages de fin d'été qui tardent à arriver, j'entretiens la végétation, régulièrement mais sans vraie difficulté. Les fruits que je récolte sont pleins de saveur. Je fais des compotes pour Camilla avec les éléments tombés. 
 
 

Prunes, reines-claudes et assimilées (GF 707 souvent habitées de petits vers), prunes d'ente (d'Agen), mirabelles, toutes sucrées et juteuses. 

Pêches, ma fierté de cette année ; jusqu'à présent je n'avais eu aucun succès dans la culture de pêchers. Les arbustes que j'ai, ont poussé tout seuls à partir de noyaux jetés après consommation. Beaucoup, après avoir bien démarré, ont végété. Je pensais qu'ils ne pouvaient résister à la fameuse "cloque de printemps". J'en ai trois qui se sont développé, abrités, le long des murs et qui viennent de donner quelques unes de ces pêches de vigne dont je me délectais, jadis, à Trémont. 

Poires, qui viennent régulièrement depuis vingt ans et dont il va falloir que je renouvelle les pieds porteurs. 

Pommes de haies, coings, promettent une belle récolte. 

Les figues, ne sont pas au rendez-vous cette saison, le printemps leur a été défavorable. 

Les raisins précoces que nous mangions dès fin juillet, ont succombé au mildiou. Mais, les treilles du patio nous préparent de superbes grappes pour le mois prochain. 

Enfin pour novembre le paqueminier nous promet de beaux kakis orange dont quelques exemplaires vert, sont tombés déjà mangeables, après les amandes et les mûres. 

J'oubliais les kiwis qui donnent des petits fruits depuis l'année dernière alors que j'ai soigné pendant plus de dix ans sans succès ces deux lianes qui ne produisent, paraît-il qu'en couple...Palissées sur le mur sud elles ont grillé, en partie, cet été, victimes de barbecue malencontreusement placé.

Tous les matins, tel un franciscain, je vais faire mon action de grâce et mes postures de yoga au soleil levant. Je fais le tour du jardin et cueille les mûres sauvages qui poussent dans les haies, je ramasse les quelques amandes que les écureuils ont négligées. Craignant le retour du héron je vais vérifier mes bassins. Je dialogue avec les poissons ; "on s'entend très bien" et, pour l'instant, ils se sont multiplié et affichent une santé merveilleuse. Je ramasse les tomates que le compost a fait pousser au hasard, dans les plates-bandes de fleurs ; croquantes et pleines de soleil il faut les déguster en apéritif. J'ai aussi un petit melon "tombé du ciel" que je soigne consciencieusement.

Bien sûr il y a l'arrosage automatique que Matthieu m'a installé l'an dernier. Il fonctionne toutes les nuits. Mais, c'est bien souvent insuffisant, et, je dois compléter en abreuvant les zones sensibles ou négligées. 

D'autre part, l'œil du patron doit s'exercer sur la couleur de l'eau de la piscine afin de la garder disponible aux baignades de la saison chaude. Le robot nettoyeur n'est pas encore commandé, et en l'attendant je m'interdis de partir en vacances. Heureusement, les amateurs d'eau froide se découragent en septembre et je transforme le bassin en réserve pour les poissons et les nénuphars.


Rêve OU Réalité

Il y a quatre jours je composais "Rêve et Réalité". J'écrivais : << Dormant la porte ouverte sur le jardin, j'avais imaginé quelques instants auparavant, comment je pourrais me camoufler si un rôdeur avait la mauvaise idée de venir me braquer pendant ma nuit. >> Hé bien, la nuit dernière, il était exactement 02 heures, j'entends des pas dans les cailloux du chemin qui mène à mon bureau. J'ouvre un œil et je vois une petite lumière se rapprocher de ma chambre. Le rêve se réalisait. Il manquait les projecteurs menaçants de la prison mais le visiteur s'était aventuré dans la pièce et balayait de sa lampe jusque sur mon lit. Il devait être bien étonné de distinguer ma tête barbue le regardant fixement. Lorsque j'ai pris ma grosse voix pour l'apostropher : << Qu'est ce que c'est ? >> il s'est confondu en excuses : << Je ne voulais pas vous réveiller... Je voulais poser une question à une stagiaire qui couche là haut...la porte étant fermée...>> C'était trop mignon. Il est reparti et a du réaliser son projet d'une autre façon.


A tous cœurs

L'incident du stagiaire qui rentre dans ma chambre, me renvoie à une situation similaire que je relatais le 03 12 96 dans "L'eau de la lune". J'étais alors, le "Joseph" de la Bible qui s'entend appelé et qui vole au service de "sa voix" Coïncidence ! aujourd'hui, j'ai revu C., l'héroïne du récit. Elle est restée une demi heure, le temps de boire un café, alors qu'il y a trois ans qu'on ne s'était pas revu. Elle m'a demandé de corriger deux lignes de ce texte que je lui avais soumis à l'époque où je l'ai écrit. Elle avait été, alors, furieuse de se reconnaître, et elle voulait, semble t il, lundi, dans une dernière démarche, effacer toute trace de cette histoire qui l'avait amenée à vivre une aventure mémorable.

28 08 Je reconnais que, dans le passé, je me suis souvent engagé avec toute ma personne, dans des relations qui étaient aussi "professionnelles" Je n'avais pas cette prudence déontologique qui demande de prendre en charge le client en échange d'un bon prix et de l'oublier dès qu'il a le dos tourné. Mes limites, parfois élastiques, rejoignaient la personne dans ses différentes dimensions, mentales, affectives, corporelles. J'estimais, et je le pense encore, que, au delà de la technique, le traitement thérapeutique trouvait son efficacité dans la direction que je suivais et dans l'énergie vitale qui m'habitait sans m'appartenir, c'est l'atout cœur. Je me suis fait des amitiés profondes auxquelles je suis resté fidèle. Je me suis fait maudire aussi, sans doute, et rejeté quelquefois. La "Vie Nouvelle", l'équipe médicale du centre Mirabeau, la chorale, les visiteurs de prison, sont des groupes dans lesquels je me suis engagé et dont j'ai été exclu plus ou moins directement. 


La perruche

Il y a une bonne dizaine de jours déjà, c'était l'arrivée à la maison d'une pensionnaire originale.

Non pas une jeune personne, invitée impromptue, attirée par les charmes de "la vie à l'Escoubaïre"; ma pensionnaire était une perruche. Après les tortues, introduites cet été dans mes bassins, qui semblent devenues sauvages et heureuses c'est un petit oiseau blanc et bleu, esseulée par la perte de son compagnon, qui agrémente généreusement l'espace du séjour. Tenter l'aventure ici semblait préférable à la vie parisienne de ces animaux adoptés par Lambert et à la charge de sa mère.

12 09 - Depuis hier, je lui ai trouvé un compagnon, une jolie perruche bleu noir, qui se trouvait dans la même situation de solitude. Sa cage, vaste et bien située, je me suis fait un devoir de la faire inviter et de l'introduire chez BL que je traite presque quotidiennement. Je lui ferai donc des visites régulières et, si elle refusait cette compagnie que je trouve inespérée, je la réintégrerait ici sans formalités. Le piquant de la situation est qu'elle ne se laisse pas attraper facilement. J'ai eu le droit à de multiples coups de bec qui m'auraient bien fait lâcher prise si je n'avais pris le parti d'en rire.


Compagnon de la perruche en péril !

14 09 - La situation se gâte : BL se fait hospitaliser pour une plaie au bras, anodine au départ mais qui provoque un véritable état d'infection. Ce matin, à 06 heures, il m'appelle au téléphone se croyant en fin de journée. Triste présage. BL a une mauvaise circulation sanguine et un cœur déficient. Il est revenu bien fatigué de ses vacances en Espagne et fait appel, tous les jours à mes services, maintenant me voilà en vacances. 

Je ne crains pas pour nos perruches, mais je souhaite à mon ami qui n'a plus vingt ans un retour rapide et que ces oiseaux qui le réjouissaient lui fassent fête de nouveau.


Barrage filtrant

En revenant de la chorale, hier soir, je me suis fait arrêté à un barrage filtrant de police. Il y avait là tout un détachement qui avait installé des chicanes sur le boulevard périphérique. Sans doute un bandit de grand chemin était-il activement recherché ? Je ne devais pas ressembler au portrait robot ou en égard à mon grand âge, j'ai été rapidement relaxé.

Toutefois, m'intimant l'ordre de stopper, l'officier responsable du respect de la sécurité me dit d'un ton sévère, voire irrespectueux, que je n'avais pas attaché ma ceinture ( celle qui m'amarre à mon siège et non celle de mon pantalon ). L'air confus, je reconnais l'évidence et une réponse impertinente me traverse l'esprit vue la hauteur où se portait mon regard : "Vous n'avez pas fermé votre braguette" Je voulais le mettre en garde contre les courants d'air, un rhume est si vite arrivé ! Sans compter que, pour les personnes haut placées, par les temps qui courent des incidents de bas étage, arrivent à bouleverser le monde...Le président Clinton est un exemple du genre.

Mais gardant mon sang froid et en toute humilité, je me suis abstenu de tout commentaire et j'ai demandé l'autorisation de repartir. bM ,


Dans ma Chronique 98, je recueille, pour le plaisir, toutes sortes de documents que j'écris, que je reçois, des photos, des souvenirs que je ventile dans des dossiers. 

Ce qui ne m'empêche pas de m'occuper de mon jardin, de mes pigeons qui sont malades en ce moment ou qui se font attaquer par des prédateurs. 

Cette année, je rassemble des idées sur des thèmes particuliers à partir de mes archives.

Voilà déjà un bon moment qu'avec Thérèse j'échange une correspondance par émail. J'en compose "La voisine de Paris". Quel intérêt ? Je ne peux pas, aujourd'hui, le dire ; demain nous fera peut-être découvrir une piste.


 



 


Suite : septembre 98

Vers la fin de l'année, 1 / 2 / 3 / 4