vers Juillet
Intermittents du spectacle

du 11/07/03 0:28:19 david.certano@wanadoo.fr a écrit :

Oui David est en colère ! GRR !
Aucuns commentaires sur les intermittents? pourtant ta fille Sylvie, Thierry et David sont directement concernés...
Cela ne te ressemble pas.

A+
DAVID

Mais cher David c'est à eux à faire des commentaires et je suis tout prêt à les accueillir
!

Pour ma part, je souhaite que des propositions fermes et précises soient faites de part et d'autres afin de négocier au mieux une crise suicidaire pour un grand nombre de gens sympathiques et que j'aime comme toi.
Si le monde des spectateurs s'alliait avec les créateurs pour faire face aux puissances financières qui ont le pouvoir et qui cherchent le profit avant tout, on commencerait par ne pas ouvrir les postes de TV et réfléchir avant de voter.
(bM)

voir la lettre de Jean-Claude Fall  (Directeur du Centre Dramatique National de Montpellier)


les intermittents au travail
La vie d'artiste
Maintenant, David,  tu sembles attendre de moi des commentaires sérieux. (ce qui est bien difficile, dans mon cas) :
Je pense qu'avec un gouvernement de Droite on ne pouvait pas attendre autre chose que des mesures visant à accroître les inégalités, soit enrichir les riches et faire des économies sur le dos de ceux qui rament pour les autres ; que ce soit dans le monde du spectacle ou ailleurs.
La vie d'artiste n'a jamais été la tranquillité et la sécurité. Ceux qui ont percé, qui sont devenus des vedettes le doivent le plus souvent à ceux qui les ont mis en valeur et plus qu'à leurs propres talents. Car tout le monde en a du talent mais il faut le mettre en évidence et que ça tombe juste dans le créneau que le client attend à un moment précis.
C'est vrai aussi que la Gauche tendait à légiférer pour tenter de niveller la société en cherchant bien sûr à faire monter le niveau de vie et aider les démunis.
Louable intention mais sans doute utopique. La manip risque d'encourager les dépendances de toutes sortes sans stimuler véritablement les énergies et la créativité.
Donc il faut choisir, je crois. Même si c'est de plus en plus dur, ou bien on aime son boulot et on lui donne la valeur qu'il mérite quelque soit le retour qu'on serait en droit d'attendre, soit on cherche un autre travail plus rentable quitte à en accepter l'esclavage et espérer trouver une liberté matérielle par la suite en gardant la foi en soi même.


Guillaume Vallée

Re: intermittents Date : 12/07/03 A : guillaumevallee@club-internet.fr, david.certano@wanadoo.fr

cliquez ! les intermiitents Yo Marc,

tu semble croire qu'il n'y a pas de propositions faites par les travailleurs du spectacle ( = "intermittents").
C'est une erreur, des propositions pour réformer ce statut bancal et le rendre plus juste sont énoncées depuis des lustres
par les organisations syndicales et non-syndicales. Les travailleurs du spectacle sont les premiers à demander et à proposer
des réformes mais le m.e.d.e.f. ( ="notre gouvernement") refuse toute discussion.

Le constat est simple : d'un côté des travailleurs qui proposent des solutions pour limiter les abus du système en place, lesquels abus sont générés principalement, on le sait, par quelques grosses boites de production et par l'audiovisuel (cela même le gouvernement le reconnaît).
D'un autre côté le m.e.d.e.f. qui veut imposer une réforme qui en définitive entretient ces abus et détruit le spectacle vivant, cette richesse si spécifique à notre pays.

Il faut comprendre que la dite réforme ne concerne pas seulement les fameuses 507 heures, mais que de nombreuses filouteries sont dissimulées dans le texte qui amènent à terme la destruction des moyens et des petits.
Réforme du taux d'indemnisation de 31 à 18%, réforme du calcul des jours de carence,réduction d'un tiers de la durée des droits acquis: de nombreux points n'ont pas été annoncés par les médias.

C'est un problème de spécialistes et les médias ne relèvent que le premier point des 507 heures en 10 mois au lieu de 12 (ce qui déjà poserais beaucoup de problèmes à certaines catégories d'entre nous), si bien que les gens pourraient croire que nous râlons pour pas grand chose.

Il y a une vaste campagne de désinformation sur ces problèmes et sur la réalité de ce que nous, travailleurs du spectacle avons entrepris pour réagir.
Je peux te le dire, ayant été ces derniers temps au coeur des actions, et voyant la façon dont celles ci sont relatées par les médias.

Encore une fois il y a des solutions proposées par nos organisations: différenciation des systèmes de calcul en fonction des professions, création d'un système propre à l'audiovisuel (responsable de la très grande majorité du déficit) , chasse aux abus.


Les travailleurs du spectacle sont les premiers à demander une réforme.

Bien sur il y a des gens qui abusent du système, mais ce n'est pas une raison pour nous considérer tous comme des fainéants et des chômeurs professionnels, il y a surtout beaucoup de gens qui bossent à longueur d'année avec passion et générosité et qui pourtant sont dans une grande précarité.

La France est riche par les arts, par la culture. Ne gâchons pas tout, ne les laissons pas tout gâcher.

ci dessous quelques infos complémentaires SYNTHESE D'ANALYSE DU PROTOCOLE D'ACCORD SIGNE LE 26 JUIN.

La réaction de colère des professionnels de l ?audiovisuel et du spectacle, suite à la signature du protocole d ?accord relatif à l'application du régime d'assurance chômage aux professionnels intermittents du cinéma, de l'audiovisuel, de la diffusion et du spectacle est unanime et dépasse largement les cadres des syndicats. La Coordination des intermittents et précaires d'île de France regroupe des syndiqués et des non syndiqués, des artistes et des techniciens, des professionnels du spectacle comme de l'audiovisuel tous unis dans leur refus d'accepter les termes de cet accord. ( P1)
Peut-on parler, comme l'a affirmé le ministre de la culture le 29 juin, d'un accord entre partenaires sociaux représentatifs quand parmi les huit négociateurs réunis au sein de l'UNEDIC deux seulement sont effectivement représentatifs de nos professions ? Quand les branches professionnelles de deux des syndicats signataires se sont désolidarisées de leur centrale ? Quand seules les propositions du MEDEF ont été prises en compte dans les négociations ? Quand seuls, parmi nos employeurs, sont représentés par ce même MEDEF les grands groupes privés de l'audiovisuel ? Présenté par le ministre de la culture, Monsieur Jean-Jacques Aillagon, comme une avancée sociale destinée à " lutter contre les abus et tendre vers un meilleur équilibre financier ", le protocole est en fait une habile machine de démantèlement de notre système d'indemnisation du chômage. (Art 2)
Parce qu'il leur faudra travailler autant qu'auparavant mais sur une période plus courte pour ouvrir leurs droits aux allocations, des milliers d ?artistes et de techniciens vont en être exclus et basculeront dans une précarité absolue . La violence avec laquelle ces acteurs de la vie culturelle française seront chassés de leur régime spécifique d ?assurance chômage n'a d'égal que la violence exercée contre les salariés victimes de licenciements massifs. Au regard du double objectif du MEDEF : combler un déficit et mettre fin à des abus, ce protocole n'offre à nos yeux aucune garantie d'efficacité . Il permettra assurément de faire des économies mais au mauvais endroit car loin de lutter contre les abus, il entérine les pratiques délictueuses de certains employeurs - notamment de grands groupes de l'audiovisuel tant privés que publics- et ce parce qu'il privilégie la régularité des périodes de travail quand notre secteur (la création culturelle) qui se caractérise entre autre par une certaine irrégularité . (Une programmation variée induit qu'on n'y voit pas toujours les mêmes artistes d'une année sur l'autre !) (Art 2 +Art 7)


Cette logique de loterie est également présente dans le calcul du montant des allocations . (Il semble là que les négociateurs aient conçu ce texte selon une logique de " grille " de salaire, mais, dans nos métiers, l'irrégularité des gains aussi est de mise.) : confondant le salaire journalier de référence avec une " valeur moyenne de notre travail ", il nous pénalise lorsqu'un cachet ou un salaire supérieur à cette moyenne se présente, et ce par une retenue de nombres de jours indemnisés proportionnelle à la différence entre la somme " habituelle " et la somme plus importante. On est alors en quelque sorte puni d'avoir touché un salaire plus important que " d'habitude ". (Art 2)


On pourra rétorquer que l'allocataire bénéficiera l'année suivante d'un taux plus élevé par la prise en compte de ce meilleur salaire : encore faudra-t-il que celui-ci tombe dans les 10 (ou 10,5) mois de référence. Quoiqu'il en soit, quelle philosophie inspire cette curieuse équation temps/argent ? En fait, le grand absent de ce protocole c'est le travail ; il est conçu sur une logique de réduction des coûts qui, certes, a sa légitimité, mais vise à ignorer les pratiques professionnelles. Ce système est pensé comme un portefeuille d'actions ( nos cachets et/ou salaires) dont le renouvellement n'est même pas envisagé. A l'épuisement de ses capitaux, le mécanisme d'exclusion est beaucoup plus rapide qu'avant et touchera beaucoup plus de monde. On a d'un côté une élévation des droits d'entrée et de l'autre une accélération des rythmes de sortie. Il conduit donc implacablement à une précarisation accrue de nos métiers déjà considérés comme précaires par les instituions elles-mêmes (cf étude du ministère, rapport du Sénat, enquête INSEE 2001, tous consultables sur les sites web relatifs). (Art 8)
On notera aussi qu'une journée de maternité non seulement n'est pas comptabilisée 7 heures comme pour les autres salariées, mais 5 heures (contre 5,6 actuellement). Peut-être parce que les femmes enceintes passent aux 35 heures pendant leur grossesse. En fait le protocole joue habilement sur les 35 heures et les 39 heures, et ce, toujours en notre défaveur. Nous ne sommes ni des privilégiés ni des troubadours. Nous avons une fonction sociale qui oblige à un statut dérogatoire. Et c'est l'intermittence qui nous donne l'indépendance, la liberté qui nous permettent aussi, si nous le désirons, d'échapper un peu ( !) à la loi des marchands. La survie des intermittents et le scandale de ce protocole de désaccord s'inscrivent dans une réalité plus vaste qui est celle de la dégradation de l'outil culturel, dégradation organisée depuis longtemps par le désengagement successif de l'état dans ce secteur. Par ailleurs, cet accord ne doit pas être considéré de manière isolée, il s'inscrit dans la droite ligne de toutes les politiques qui désintègrent lentement mais sûrement les biens et les services publics : le système des retraites, de l'assurance maladie, l'éducation nationale . Avec ce protocole, le gouvernement et le MEDEF, sont étroitement liés dans la volonté d'annihiler l'espace de liberté et de pluralité qu'est la création artistique en France aujourd'hui et que nous prétendons aussi défendre hors de nos frontières par l'exception culturelle . Aujourd'hui est mise en oeuvre une politique conjointe qui voit nos acquis sociaux remis en cause en même temps que notre ministère se contente de moyens d'actions toujours plus étroits, et ce nouveau choix de société s'accorde parfaitement avec les recommandations de l'OCDE et de l'OMC, qui ne tolère pas les résistances locales au libéralisme mondial. La diversité et la multiplicité qui sont les seules garanties d'un véritable tissus culturel de qualité pour tous, sont en péril : nous refusons un monde qui refuse les intermittents. NB 1 : Le 30 juin, Monsieur le ministre Jean-Jacques Aillagon nous enjoignait à " mieux lire le protocole ". Notre petite commission constituée d'acteurs, de chorégraphes et d'une administratrice de compagnie qui se sont retrouvés dans le souci de connaître par eux-même un texte qui engage leur avenir, s'est astreinte à une lecture précise, projetant toujours l'application de chaque article à des cas exemplaires. Dès nos premières Assemblées Générales nous avons exposé notre conviction que ce que nous appelons le " glissement " justifiait notre inquiétude sur notre avenir et nous permettait d'affirmer que personne ne pouvait se croire à l'abri de l'exclusion du dit-régime. On nous dit qu'il faut lire ce qui sera écrit, dans la convention que prépare l'UNEDIC, que le calcul ne se fera pas - comme il est écrit - sur les 10 ( ou 10,5) derniers mois avant notre dernier contrat de travail, mais sur les 10 ( ou 10,5) meilleurs mois avant notre dernier contrat de travail. Nous pensons avoir débusqué-là un des lièvres que la complexité du système dissimule sous une image rassurante. Et si certains prestidigitateurs faisaient sortir de leur chapeau un lapin, tel que l'adjectif " meilleurs " dans des documents plus complets, nous serions en droit de penser que notre mouvement spontané d'opposition à ce texte n'aurait d'ores et déjà pas été inutile.

NB 2 : Réforme :

1° Amélioration apportée dans le domaine moral ou social.

2° Rétablissement de la discipline primitive dans un ordre religieux.

(Cf Petit Robert).


rereYo Marc,

tu peux lire ça aussi...

Bise de Guitou

SOLIDARITE AVEC LES INTERMITTENTS DU SPECTACLE EN LUTTE

Le MEDEF, la CFDT, la CFTC, la CGC (syndicats minoritaires, ils représentent moins de 3% des professionnels) ont signé, le 27 juin, un accord qui saccage le système des assurances chômage du spectacle. (Annexes 8 et 10 de la convention UNEDIC). Pourquoi un régime spécial ? Nous travaillons, nous cotisons et nous percevons des allocations dans les périodes de chômage. Nos contrats sont à durée déterminée avec des employeurs multiples. L'indemnisation de chômage compense alors cette précarité et cette disponibilité. En outre elle permet aux artistes, techniciens et ouvriers du spectacle, de consacrer du temps à la préparation nécessaire à toute création ; temps très rarement payé par nos employeurs. Des privilèges ?... Parlons-en ! 50 % d'entre nous ne perçoivent pas d'indemnités et une bonne part des autres touchent moins que le Smic. L'accord du 27 juin va encore réduire d'environ un tiers le nombre d'indemnisés et le montant des indemnités. Quant aux employeurs qui profitent du système : producteurs et chaînes de TV, rémunérant comme intermittents des gens qui travaillent à l'année, ils pourront continuer en toute impunité car rien dans cet accord n'est prévu pour empêcher ces abus. Une technique éprouvée Comme pour la retraite par répartition, le gouvernement annonce que le régime de l'intermittence est sauvé grâce à la réforme. La technique est à chaque fois la même : monter en épingle un déficit, gonflé par les exonérations de charges sociales et de taxes dont bénéficie le patronat. Puis découvrir des " abus " et des " privilégiés ". Ensuite faire une " réforme " qui attaque les salariés et préserve les capitaux. Enfin, expliquer qu'on a sauvé le système. Demain au tour de la Sécu ! Pourquoi le MEDEF s'est intéressé à nous ? Si le régime d'intermittence, spécifique à nos métiers, est à ce point dans le collimateur, c'est qu'il est l'un des derniers remparts à la précarisation outrancière de l'emploi que le MEDEF cherche à instaurer. Cet accord du 27 juin n'arrive pas par hasard. Il s'inscrit aussi dans un ensemble d'attaques qui vise à soumettre les secteurs public et privé aux lois du profit et à réduire le coût du travail. Une multitude d'attaques qui nous concernent tous Elles concernent le salaire indirect : Baisse du niveau des retraites par allongement de cotisation. Attaque sur la sécurité sociale avec la fin du remboursement des maladies dite " non mortelle ". Baisse des allocations chômage du régime général avec une nouvelle convention UNEDIC. Elles accélèrent l'engagement de l'Etat dans la privatisation : Changement progressif des statuts de France Telecom, EDF, la Poste, Air France, la Snecma, Areva, les sociétés d'autoroute. Réforme des hôpitaux avec la dissociation des soins et de " l'hôtellerie " (restauration et hébergement). Privatisation de certains musées nationaux, de l'archéologie préventive et de l'architecture publique. Décentralisation de 90 000 employés et ouvriers de l'Education Nationale. Financement de l'université par le privé. Elles accélèrent les restructurations, délocalisations dans le secteur privé. (Alstom, Péchiney…..) Elles poursuivent la précarisation : Multiplication des plans de licenciements. Précarisation accrue avec la généralisation des temps partiels imposés dans le nettoyage, le commerce, la restauration rapide (McDo, Pizza Hut, Frogg…). Multiplication de la sous-traitance. Licenciement massif de 80 000 emplois-jeunes et surveillants. Ces attaques sur nos conditions de vie et de travail s'accompagnent d'un durcissement de l'Etat. Vis-à-vis des victimes du système : Instauration du travail obligatoire avec le RMA. Nouveau durcissement des lois vis-à-vis des étrangers et travailleurs Sans-Papiers. Lois de Sécurité Quotidienne et Lois de Sécurité Intérieure ciblant les jeunes, les mendiants, les Roms... Et vis-à-vis de ceux qui luttent : criminalisation des militants, menace d'emprisonnement, sanctions pénales. LA SEULE REPONSE QUI S'IMPOSE EST LA LUTTE. Du fait que les festivals aient été bloqués, les médias et le gouvernement ont été obligés de reconnaître que les professionnels du spectacle créent énormément de richesses. Face à cette multiplicité d'attaques, il nous faut construire des solidarités de luttes en luttes. Il nous faut construire des convergences qui nous permettront de bloquer les attaques du patronat et du gouvernement et de reprendre demain tout ce qu'ils nous ont volé. Nous appelons tous les travailleurs solidaires à rejoindre nos manifestations, nos actions, nos AG et à participer au débat d'orientation du mouvement.. Vous pouvez passer à notre permanence, tous les jours, Salle Olympe de Gouges, 13 rue Merlin, Paris 11e, Métro Père Lachaise. (Tel : 0143677676). Site internet : http://cip-idf.ouvaton.org/ SALARIES, CHOMEURS, PRECAIRES, INTERMITTENTS, INDEPENDANTS, ETUDIANTS, LYCEENS UNISSONS-NOUS ! ! Coordination des Intermittents et des Précaires d'Ile de France Commission inter-professionnelle



rerereYo Marc,

encore un peu?

Amicalement, de Guitou:


Dans le débat actuel sur le régime spécifique de l'intermittence dans le spectacle vivant et l'audiovisuel, il est assidûment répété que ce régime doit être réformé car il atteint un niveau de déficit (800 millions d'euros) qui " plombe " les comptes de l'Unedic, et que ce déficit devient " insupportable " à l'ensemble des salariés qui, par leurs cotisations, assurent les recettes du régime général d'assurance-chômage. C'est dans ce contexte qu'il convient d'apprécier le bilan du Plan d'aide au retour à l'emploi (Pare), effectif depuis deux ans. Rappelons que l'Unedic est gérée paritairement par les " partenaires sociaux " ; sa présidence est actuellement assurée par Michel Jalmain, de la CFDT, qui a signé avec le Medef, le 27 juin, l'accord sur les annexes 8 et 10 de l'Unedic. Alors que se creuse le déficit global de l'Unedic (qui devrait atteindre, à la fin 2003, 3,3 milliards d'euros), son conseil d'administration (exceptée la CGT) a dressé un " bilan positif " du Pare. Mais l'annonce d'une revalorisation des allocations chômage au 1er juillet de 2,15% dissimule une baisse substantielle des durées et des conditions d'indemnisation. Alors que sur la période 2000-2001, 868.000 emplois avaient été créés dans le champ de l'Unedic (dont les caisses se sont alors trouvées excédentaires), seuls 109.000 emplois ont été créés en 2002. C'est cette seule " dépression " qui explique la situation actuellement déficitaire de l'Unedic. Comment gérer une telle situation ? A l'exception de FO et de la CGT, les administrateurs de l'Unedic ont, sans états d'âme apparents, décidé en décembre dernier de nouvelles dispositions qui vont exclure du chômage indemnisé, entre janvier 2004 et fin 2005, quelque 600.000 chômeurs, dont 200.000 dès le mois de janvier prochain. Et cette brutale saignée n'est qu'un début. " Aussi lourdes de conséquences qu'elles soient pour les chômeurs, ces mesures de redressement sont insuffisantes pour compenser l'effondrement de la croissance économique ", peut-on benoîtement lire dans les pages économie du " Figaro ". Si le régime d'intermittence, spécifique aux métiers du spectacle et de l'audiovisuel, est à ce point dans le collimateur du Medef (et, plus curieusement, de la CFDT), c'est que cette " anomalie ", liée à " l'exception culturelle ", est l'un des derniers remparts possibles à la précarisation outrancière de l'emploi que l'organisation patronale cherche à instaurer derrière l'objectif de " refondation sociale ". A ce titre, et quels que soient les abus dont ce régime d'intermittence a été victime ces dernières années (d'abord et principalement de la part des parcs de loisirs, et aujourd'hui, des mastodontes de la production audiovisuelle ; abus dont le ministère de la Culture comme les syndicats reconnaissent, en privé, qu'aucune mesure ne parviendra réellement à les éradiquer) ; son " déficit " (le chiffre même de 800 millions d'euros, qui est avancé, est en lui-même, techniquement contestable, mais nous n'entrerons pas ici ans ce débat comptable) est le prix à payer d'une couverture sociale et d'une continuité de revenus qui, même modestes, permettent à des milliers d'artistes et de techniciens d'exercer leur art sans sombrer dans la précarité la plus totale. Ce régime de l'intermittence pourrait (et devrait) aujourd'hui être revendiqué par d'autres catégories socio-professionnelles ! Le " ras le bol " qui s'exprime dans le mouvement des intermittents trouve sa source dans cette contradiction intenable : alors que la société demande aux acteurs de la vie culturelle de nombreuses et variées " missions de service public ", la collectivité publique semble éprouver de moins en moins d'égards aux conditions d'exercice de ces " missions ". Parce qu'ils " bénéficient " d'un régime qui présente certes quelques " privilèges " par rapport au régime général, les intermittents sont abusivement désignés comme étant des " privilégiés ". Un simple examen des chiffres rétablit la vérité. Selon les éléments fournis par l'Unedic, en 2002, 102.000 intermittents indemnisés ont perçu un total de 952 millions d'euros d'indemnités. Nul besoin d'être expert en mathématique : un intermittent a perçu en 2002 une moyenne de 9.333 euros, soit 777,75 euros par mois. Où sont les privilèges ? Il est un autre paradoxe, essentiel à saisir : pour beaucoup de ceux qui, bon an mal an, en vivent, l'intermittence n'est pas un pis-aller, elle est un choix de vie et de travail, parfaitement assumé comme tel. Consulté par le Premier Ministre sur la " valeur travail ", le Conseil Economique et Social vient de rendre son avis. Il estime nécessaire de " repenser le contenu du travail avec l'idée d'en améliorer les conditions avec des revenus décents ", et recommande de " concilier l'inévitable mobilité du travail avec l'indispensable sécurité du travailleur, grâce à des garanties collectives ". On ne s'étonnera pas que le Medef ait instantanément tenu à émettre ses " plus grandes réserves " sur cet avis du Conseil Economique et Social. Et on est là au cour de ce qui se joue actuellement dans le conflit des intermittents ! Quel est en effet, aujourd'hui, l'horizon du travail ? Dans le cadre du Pare, l'Assedic de l'Ouest francilien (Hauts-de-Seine, Yvelines et Val-d'Oise) expérimente actuellement une " formule de retour à l'emploi pour des cadres expérimentés par le biais du consulting ". Il suffit, sans autre forme de commentaire, de citer un article du " Figaro " (en pages Economie, 3 juillet 2003) sur cette expérience ô combien innovante. D'emblée, l'article précise, à propos de ce " stage consulting " : " comme dans les courses de Formule 1, les places sont réduites : 16 stagiaires " (pour 200 cadres potentiellement intéressés). Le directeur du centre de formation qui organise ce stage explique : " Aujourd'hui, pour qui perd son emploi, c'est souvent le CDI ou rien. Or, pour des cadres expérimentés, il y a une solution intermédiaire, le consulting. Elle s'accompagne d'une palette de statuts : salariat, travail indépendant, mission, CDD, intérim ". Car dans les entreprises, " si le nombre d'emplois reste stable, le nombre des missions est en hausse de 25% ". Dans un tel contexte, le travail devient un marché au sein duquel le travailleur doit lui-même se mettre en vente ! L'article du " Figaro " cite le témoignage édifiant d'une jeune femme de 41 ans, qui a travaillé vingt ans dans les métiers de la communication avant d'être licenciée d'une start-up en juillet 2002. Grâce à ce " stage consulting ", elle confie : " J'ai repris confiance en moi. J'oublie les réflexes des salariés. J'y apprends l'autonomie. Je ne suis plus demandeur d'emploi. Mais je vends mon expertise. (.) Les entreprises ne prennent plus de risques. C'est à nous de savoir leur répondre ponctuellement ". Comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir, les intermittents (artistes et techniciens) pratiquent depuis des années le " consulting " et " vendent leur expertise ". A cette différence près que les " entreprises culturelles " (compagnies, lieux de création, sociétés de production indépendantes) ont encore le sens du risque (le fameux " risque artistique "), qu'un spectacle ou un film sont des ouvres avant que d'être (accessoirement) des " produits ", et que c'est cette dimension-là que recouvre, aussi, le régime de l'intermittence. Pour autant, chacun, du gouvernement aux organisations syndicales, semble convenir que doit intervenir une " réforme " de ce régime de l'intermittence. En effet, mais pas seulement. A regarder de près l'accord conclu entre le Medef et trois syndicats minoritaires le 27 juin dernier, les dispositions retenues sont à la fois dangereuses et dérisoires. Elles sont dangereuses, car en excluant à court terme, selon les estimations, 15 à 50 % des intermittents actuels de l'indemnisation du chômage, c'est toute l'économie, fragile, du spectacle vivant et de la création audiovisuelle qui va être gravement déséquilibrée et se retrouve ainsi " prise en otage ". Elles sont dérisoires, car outre que la sanction des abus restera un vou pieux, elles ne résolvent absolument rien. La bonne santé financière de l'Unedic dans son ensemble, et du régime des annexes 8 et 10 en particulier, dépend en premier lieu d'une dynamique retrouvée de l'emploi. Si le nombre d'intermittents a doublé en 10 ans, ce n'est pas en soi une calamité, bien au contraire. Dans le spectacle vivant, la multiplication des lieux de création et de diffusion (dont les festivals, qui sont aujourd'hui dans l'oil du cyclone) témoigne d'une diversification et d'un enrichissement de la vie culturelle à travers tout l'Hexagone. Ce mouvement n'est pas prêt de s'arrêter, et de nouveaux bataillons d'intermittents (notamment les emplois-jeunes laissés sur le carreau par la non reconduction des aides publiques à certains lieux émergeants ou alternatifs) vont venir gonfler les rangs de la création. Qui saurait s'en plaindre, à l'heure où le petit écran est envahi et contaminé par la " télé-réalité " ? Enfin, s'il y a un élément positif dans le conflit en cours, et dans les annulations festivalières qui en découlent en cascade, c'est que l'on s'aperçoit, après que la culture ait été constamment suspectée d'être exclusivement dépensière, qu'elle est aussi un moteur économique non négligeable. Et ce ne sont pas les commerçants d'Avignon ou d'Aix-en-Provence qui nous démentiront ! Mais ce qui vaut pour l'économie d'une ville ou d'une région vaut aussi pour l'emploi. Or, depuis dix ans, la prolifération des foyers de création un peu partout en France est allée de pair avec une précarisation grandissante de leurs moyens et conditions d'existence. Il serait de temps de voir la " subvention " non comme une aumône charitablement versée aux artistes et à leurs projets, mais bien davantage comme une " incitation " ayant aussi une valeur de développement économique et culturel. En France, tous les secteurs d'activité sont, sous une forme une autre, " subventionnés " en fonction de cette équation. Au nom de quelle exception la culture n'aurait pas droit à la même considération ? Le ministère de la Culture fait fausse route en cherchant, là aussi, à " refonder " son intervention sur une logique de rentabilité et de territoires (artistiques et géographiques), au sein de laquelle les institutions d'Etat seront épargnées voire consolidées, tandis que les structures indépendantes seront confiées au seul bon vouloir, politique et financier, des collectivités locales et régionales. C'est en ce sens que la position du Syndéac (Syndicat des directeurs d'entreprises artistiques et culturelles), qui demande au gouvernement de relancer une politique culturelle ambitieuse et appuyée sur une réalité déjà existante, en préalable à toute réforme du régime de l'intermittence, mérite d'être entendue. Car ce n'est qu'en donnant aux " entreprises culturelles " (associations incluses) les moyens de développer leurs activités, qu'une plus forte permanence de la vie artistique dans ce pays, articulée à un dynamique vivier d'intermittence, assurera aux annexes 8 et 10 un meilleur équilibre aux caisses de l'Unedic. Et que l'on pourra sortir du cercle infernal où l'on voit aujourd'hui une grande centrale syndicale comme la CFDT clamer de façon poujadiste que les cotisations assurance-chômage des entreprises et salariés des secteurs de l'industrie et du commerce n'ont pas vocation à financer la politique culturelle de notre pays ! Ce ne sera, hélas, pas suffisant. Car derrière la question du financement du régime des intermittents du spectacle et de l'audiovisuel se profile l'épais problème qui traverse aussi bien l'indemnisation du chômage, le système des retraites, le domaine de l'enseignement et celui de la santé publique. En ce qui concerne l'Unedic, au vu de la raréfaction de l'emploi permanent et des pronostics plus qu'aléatoires sur une reprise de la croissance, les cotisations peuvent-elles continuer à elles seules à assurer une continuité de revenus à tous ceux qui ne sont plus salariés que de façon intermittente ? Doit-on se résoudre à accepter que plus d'un demi-millions de chômeurs soient, à très court terme, privés de toute indemnité ? D'autres modes de taxation et de redistribution existent. Il est urgent que la réflexion s'engage, politiquement et culturellement, sur ce point essentiel. Le 21 avril dernier, la France n'a pas voté pour le Medef et son projet de " refondation sociale ". Veut-on que la somme des frustrations et des précarités, qui a conduit au second tour de l'élection présidentielle le candidat du Front national, ne produise dans un proche avenir un séisme encore bien plus grand ? Face à ce danger, comme on l'a vu le 21 avril, les seules digues d'une " politique culturelle " ne sont en effet pas suffisantes. Mais il est peut-être temps de changer de culture politique. A sa façon, c'est ce à quoi invite le mouvement des intermittents, bien au-delà de ses propres revendications.

Jean-Marc Adolphe, Rédacteur en chef de " Mouvement "


MARSEILLE, 25 juil (AFP) - Une soixantaine d'intermittents du spectacle empêchaient vendredi matin la tenue à Marseille d'un casting de l'émission "Popstars 3" de la chaîne de télévision M6, a constaté un correspondant de l'AFP.
   Les manifestants, se disant "travailleurs du spectacle en lutte", faisaient face à la cinquantaine de candidats qui devaient participer à la deuxième partie de la sélection marseillaise, consacrée ce vendredi à la danse (après le chant jeudi).
   Arborant des banderoles "la culture n'est pas à vendre" ou "contre les attaques du Medef, ripostons", les intermittents chantaient "on est en colère contre Chirac et le Medef" sur l'air d'une chanson d'Edith Piaf.


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