Le Monde diplomatique
 
LA NOUVELLE DONNE AMÉRICAINE

Le 11 septembre 2001 a marqué un tournant dans la
définition de la stratégie des Etats-Unis, avec le
déclenchement de l'offensive contre le terrorisme et
l'adoption de la théorie de la guerre préventive.
Cette analyse avait été élaborée depuis plusieurs
années déjà dans les " think tanks " de la droite
républicaine, celle-là même qui se retrouve en force
dans l'administration Bush. Et elle préconisait aussi
le renversement du régime du président Saddam Hussein.

RÉSISTANCE ET VASSAUX

L'unilatéralisme de l'administration Bush se heurte
à bien des critiques mais à peu de résistances. Si
les opinions publiques font preuve d'une défiance
grandissante à l'égard de la guerre qui se prépare
contre l'Irak, les gouvernements semblent incapables
de s'opposer au rouleau compresseur américain. Tandis
que la Russie et la Chine cherchent une place de vassal
dans la guerre contre le terrorisme, l'Union européenne
se caractérise par ses divisions et son impuissance.

DE LA CHINE À L'EUROPE

De l'Afghanistan à la Corne de l'Afrique, en passant
par l'Asie centrale et le Golfe, la région du Sud-Ouest
asiatique est devenue pour les Etats-Unis un objectif
prioritaire de leur stratégie. Ils s'y installent durablement,
notamment à travers un réseau dense de bases militaires, pour
assurer leur emprise sur cette zone riche en pétrole qui
s'étend des marches de l'Europe aux confins de la Chine.

 

L'ENJEU IRAKIEN

La guerre annoncée contre Bagdad risque d'ébranler
tout le Proche-Orient, mais aussi de déboucher sur
des troubles en Irak, où le régime sait manipuler les
loyautés claniques et tribales. Or, l'opposition
irakienne comme l'administration américaine dont divisée
sur l'après-Saddam Hussein, hésitant entre l'intronisation
d'un autre pouvoir autoritaire et l'instauration
d'une démocratie plus ouverte.

  LA PRÉCARITÉ, GRANDE OUBLIÉE DU DÉBAT

   En neuf mois de pouvoir, MM. Jacques Chirac et Jean-Pierre
   Raffarin peuvent se vanter d'un bilan réussi de
   démantèlement des acquis sociaux. Aucun de ces derniers
   n'échappe à cette vague : aide médicale aux plus démunis,
   réduction du temps de travail, droit de licencier, épargne,
   indemnisation du chômage ? en attendant la prochaine loi sur
   les retraites (en juin) et celle qui vise à réduire le rôle
   la sécurité sociale (à l'automne). En revanche, la fiscalité
   pour les familles les plus aisées s'est encore allégée. Et
   le gouvernement envisage de remettre en cause l'impôt sur
   les fortunes. Les directions d'entreprise se sentent encore
   plus libres de licencier. « Vouloir les en empêcher, a
   déclaré M. François Fillon, ministre des affaires sociales
   le 27 janvier, c'est comme vouloir empêcher la maladie. »