" J’aime tuer les femmes.
"Enfin, disons que j’ai pris l’habitude de tuer les femmes. Car pourrait-on
dire du drogué qu’il aime les stupéfiants? Il ne peut s’en
passer ce qui est bien différent, trouvant en eux seuls cette extase
qui, l’espace d’un instant, l’élève au-dessus de l’humaine
condition.
"Chez moi, cette vocation n’a pas été précoce.
Je n’en ai eu la révélation que vers le milieu de mon âge.
Mais, dès lors, elle n’a cessé de s’affirmer. Parvenue à
son degré le plus aigu, j’ai quelque raison de craindre qu’elle
ne devienne, avec le temps, une sorte de tyrannie chaque jour plus obsédante.
C’est pourquoi je m’efforce, même s’il m’en coûte, d’espacer
mes crimes. Comme beaucoup de plaisirs, celui, d’une rare saveur, que l’on
éprouve à donner la mort acquiert d’autant plus de prix que
l’on sait en éviter les abus, et aussi qu’il exige davantage d’efforts
pour être conquis. Et, croyez-moi, ce n’est pas tellement facile
de tuer. Ou, plus exactement, de tuer en toute impunité. Car, si
la police est bête, elle est tenace, et vigilante." (extraits)