Mardi 09/10/01
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Mollah Omar, chef suprême
des taliban
KABOUL, 17 sept (AFP) - Le mollah Mohammad
Omar, chef suprême des taliban, dont la protection a empêché
l'extradition d'Oussama ben Laden d'Afghanistan, ne manque pas de mots
pour menacer l'Occident de sa rhétorique apocalyptique.
Ce refus de remettre son "hôte" à ses ennemis lui a valu le soutien et l'admiration des islamistes les plus radicaux, mais a entraîné l'isolement international de son pays ravagé par la guerre et la sécheresse. "Vous connaîtrez des tremblements de terre et des tornades de Dieu, le tout puissant Allah, et ensuite vous serez surpris par ce qui vous arrive" avait-il averti fin 1999, au moment où le Conseil de sécurité des Nations unies imposait des sanctions à l'Afghanistan pour son refus d'extrader ben Laden. Le même vocabulaire pourrait être de mise mardi, lorsqu'une réunion de quelque 1.000 "sages et érudits de l'Islam" venus de toutes les provinces d'Afghanistan, envisageront de promulguer une fatwa déclarant le "Jihad" (guerre sainte) aux Etats-Unis. Ces experts du Coran ont été convoqués à Kaboul par le mollah Omar, "commandeur des croyants de l'Emirat islamique d'Afghanistan", même s'il n'est pas sûr qu'il se rende lui-même dans la capitale. Il ne s'y serait rendu que deux fois depuis sa résidence de Kandahar (sud) où il séjourne, en reclus, dans une maison construite pour lui, par l'un de ses meilleurs disciples, Oussama ben Laden dont le domicile est proche. Selon Yossef Bodansky, auteur d'un livre sur ben Laden, les liens entre les deux hommes sont devenus familiaux par le mariage en 1998 du mollah Omar à la fille aînée de ben Laden. Depuis, ben Laden aurait pris comme quatrième épouse la fille de son gendre. Commandant d'unité chez les moudjahidine, le mollah Omar a perdu un oeil dans les combats contre les troupes soviétiques d'occupation. Sa véritable ascension date de 1994, lors de la désintégration de la coalition des factions de l'alliance anti-soviétique. Aux pires moments de l'anarchie en Afghanistan, ses efforts pour restaurer l'ordre et la justice selon les principes du code islamique, la Charia, lui ont valu, ainsi qu'à ses disciples (les taliban, ou étudiants des écoles coraniques) le soutien de nombreux Afghans. Omar se construit rapidement une double réputation, d'autorité religieuse incontestable et de chef militaire redoutable. Ses combattants taliban, soutenus par le Pakistan voisin et indirectement par les Etats-Unis, s'emparent de Kaboul en 1996 et contrôlent actuellement plus de 90% du territoire national. En août 1999, le mollah Omar avait survécu à ce qui paraît avoir été une tentative d'assassinat. L'explosion d'un camion à Kandahar avait tué plusieurs de ses gardes du corps. Son autorité sur le territoire contrôlé par les taliban semble ne souffrir d'aucune contestation et le siège du pouvoir réel s'est maintenant déplacé de Kaboul à Kandahar. Malgré cette puissance, on ne sait pas grand chose de cet homme trapu, qui n'aurait pas encore 40 ans. Il a laissé la responsabilité de tous les contacts extérieurs à son ministre des Affaires étrangères, Wakil Ahmad Mutawakil, à une ou deux exceptions près, pour recevoir une délégation chinoise ou un envoyé spécial des Nations unies. Selon ses proches, il vit modestement, se qualifiant de serviteur de l'islam. Il préside aux réunions depuis sa couche, et donne parfois des instructions sur de petits bouts de papier. Eduqué dans les écoles religieuses, il est parti sans finir ses études se joindre au Jihad contre les troupes soviétiques en 1979. Dix ans plus tard, après avoir contribué à leur défaites, il lance un mouvement musulman radical depuis son école de Singesar, dans sa région natale du sud de l'Afghanistan. Son but était de renforcer la Charia et de défendre l'Afghanistan. Les réfugiés afghans éduqués dans les écoles du Pakistan se joignent au mouvement qui prend rapidement de l'ampleur. Si nombre d'islamistes soutiennent ses théories, au Pakistan ou ailleurs, il s'est aussi attiré la réprobation de la communauté mondiale. Le régime des taliban n'est même pas reconnu par l'Organisation de la Conférence Islamique. Selon sa stricte interprétation de l'Islam, les femmes sont virtuellement prisonnières de leur domicile, obligées de porter un vêtement, la burqah, qui les voile de la tête aux pieds lorsqu'elles sortent. Les hommes sont obligés de se laisser pousser la barbe et ont interdiction de la tailler. Les photographies d'êtres vivants sont interdites, on ampute les voleurs, les meurtriers sont exécutés en public par les familles des victimes, les homosexuels sont écrasés de briques et les femmes adultères sont lapidées. Ses combattants n'ont pas le droit de fumer. L'an dernier, le mollah Omar avait blâmé
le peuple afghan, l'accusant d'être responsable de la pire sécheresse
de mémoire d'homme disant "Il y a des personnes en Afghanistan qui
ne sont pas reconnaissantes envers l'Emirat islamique et le système
islamique".
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LE MONDE EN BREF DU MARDI 30 OCTOBRE A 04H00 GMT
USA-attaque
WASHINGTON - Le président George W. Bush a décidé de créer une cellule de crise pour interdire le sol américain à des terroristes étrangers et pour arrêter ceux qui s'y trouvent déjà. NEW YORK - Un habitant du New Jersey sans rapport direct avec la distribution du courrier a été diagnostiqué avec la forme cutanée de la maladie du charbon. WASHINGTON - Le département d'Etat a annoncé lundi que des traces du bacille du charbon avaient été trouvées dans ses locaux en plusieurs endroits, ainsi que dans une valise diplomatique envoyée au Pérou. WASHINGTON - Des spores du bacille du charbon ont été découvertes dans un centre de tri postal dans le bâtiment de la Cour Suprême. WASHINGTON - Des traces du bacille du charbon ont été trouvées dans l'immeuble du département de la Santé. WASHINGTON - Des traces de la bactérie du charbon ont été détectées dans un centre postal du département américain de la Justice, à Landover, dans le Maryland, près de Washington. |
Le réveil est douloureux. Donc, une lointaine contrée, aride et montagneuse, déchirée par des luttes tribales du Moyen Age, l'Afghanistan, compte pour l'économie mondiale. De son sort, des tractations politiques conduites pour un brumeux "après-talibans", dépend la reprise ou non de Wall Street, la "confiance" des consommateurs américains, l'entraînement sur l'Europe, bref, la croissance de la planète. Réveil, parce que depuis une dizaine d'années le monde économique s'enfermait de plus en plus dans une bulle ouatée, protégée des guerres et des malheurs d'ailleurs. Les pays d'Afrique s'enfoncent dans le chaos ? Qu'importe, disait Wall Street. Débouchés faibles, ces pays ne comptent plus. Qu'on les laisse se battre ! Même la déconfiture de la Russie n'avait plus de quoi émouvoir outre mesure, une fois obtenue la garantie qu'elle n'est plus militairement menaçante pour l'Ouest. Son poids de PIB ne dépasse pas celui des Pays-Bas, nos économies y étaient devenues indifférentes. Le déclenchement de l'Intifada 2 n'a eu aucun effet sur l'expansion occidentale. Premier foyer de tension mondiale, le Moyen-Orient avait perdu son pouvoir de dérangement : Palestiniens et Israéliens se battent ? Et alors ? Du moment que le conflit reste circonscrit et n'affecte pas le cours du pétrole… Dans l'ère de l'économie triomphante, chaque Etat, chaque
événement, ne pesait que son poids commercial. La politique
étrangère américaine était devenue mercantiliste.
Le "combien de divisions, le Vatican ?" était devenu "combien de
consommateurs ?".
Cette "nouvelle économie" ouvrait au nord une nouvelle phase
de prospérité durable et autocentrée. Le capitalisme
a eu ses périodes "extensives" qui appuient le développement
sur la conquête coloniale de débouchés. Il semblait
entrer, grâce aux nouvelles technologies, à nouveau dans une
période d'expansion "intensive" durant laquelle il n'a plus besoin
d'être conquérant puisqu'il trouve chez lui les forces de
sa croissance.
Le 11 septembre a tout changé. L'économie tombe de haut
: voilà que la religion compte. Et la géographie. Et l'histoire.
La guerre du Kosovo a pu être un avertissement. Mais elle est
à classer dans l'époque d'avant : si le monde riche s'en
est préoccupé, c'est parce qu'elle se déroulait en
Europe même et menaçait de s'y étendre.
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HYBRIDATION ÉCONOMIQUE
Le djihad de Ben Laden a rencontré les ressentiments les plus
variés nés des bouleversements qu'entraîne la mondialisation.
Deux scénarios sont possibles. Le premier est celui de la meilleure
"gouvernance" mondiale. L'Occident, a dit Jacques Chirac, devant l'Unesco
lundi 15 octobre, doit cesser d'imposer sa culture "essentiellement matérialiste"
et "vécue comme agressive". La mondialisation doit "faire prévaloir
l'intérêt des hommes" et se "civiliser", formule qui renvoie
à la "mondialisation maîtrisée" de Lionel Jospin. Ces
dernières années ont vu naître une forme de politique
mondiale (regain tantôt de l'ONU, tantôt du G8, création
de l'Organisation mondiale du commerce, du Tribunal pénal international…)
encore très embryonnaire et déjà contestée.
On assistait à un début de régulation des marchés
(par le FMI, le G7-finances, les grandes banques centrales…) et à
l'émergence d'une société civile plus ou moins bien
représentée par les ONG (organisations non gouvernementales).
Hybridation
Aller plus loin ne sera ni facile ni rapide. Il faudrait que les pays
arabes admettent leur échec économique et entament une révolution
démocratique et sans doute religieuse. Il faudrait, de l'autre côté,
que les Américains rompent avec l'unilatéralisme et cessent
de se considérer comme le modèle capitaliste unique. La lutte
antiterroriste poussera-t-elle les uns et les autres dans ce sens ? Pas
forcément. Le deuxième scénario est celui
Quand on examine les deux scénarios, les évidentes difficultés du premier rendent, hélas ! le second le plus probable. Eric Le Boucher |