La maladie n'épargne pas ceux qui lui donnent du sens. Bien sûr ! Ni ceux qui voudraient la maitriser, vous comme moi...

Michel était un prophète, un chercheur, un visionnaire, un homme.

17h35

Yaël vient de partir. J'étais heureux d'être en sa compagnie. Et, dans le deuil de Michel que j'avais à faire, elle était un témoignage de vitalité.

Sylvie :

J'ai appelé Anne ce soir. Tombant sur son répondeur, je lui dis que j'ai appris ce matin la mort de Michel et m'arrête de parler, la voix coupée par l'émotion. J'entends alors la voix de Anne qui me gronde gentiment de sa voix gaie et tonique dont elle a le secret : " et alors, tu ne vas pas te mettre à pleurer quand même! Je t'informerais de la date de la grande fête que nous allons faire et tu y viendras faire le clown. Nous aurons grand besoin de ton animation." Elle m'a remerçié pour le courrier que j'avais adressé à Michel, me disant qu'il avait été très touché et étonné de voir à quel point il était important pour grand nombre de gens. Comme toujours, Anne m'étonne, m'émerveille par sa qualité de générosité et sa pêche face à la vie. Sa faculté de valoriser et de prendre en compte les personnes a qui elle s'adresse. J'imagine que depuis hier, elle reçoit des multitudes de coups de téléphone de gens touché et démontés par la mort de Michel et que c'est elle qui les remonte de sa voix joyeuse. Elle a le don d'inverser les situations!

Nous nous sommes rassemblés une dernière fois autour de lui le jeudi 1 juillet. La cérémonie religieuse du matin, sobre et recueillie dans le rituel catholique nous a invités à nous centrer sur le passage dans l'au delà...

La réunion au Père Lachaise pendant la crémation, par des témoignages émouvants et vivants nous a incités et renvoyés au travail sur l'énergie du Coeur auquel Michel s'était consacré. Animé, inspiré, il est allé jusqu'au bout de ses forces physiques. Depuis sept ans il luttait contre la leucémie. Nous n'en savions rien. Il ne voulait pas mélanger sa tâche et ses problèmes personnels. C'est une façon de regarder la vie !

Il était présent au milieu de nous ; ayant trouvé, me semble t il, la place qu'il recherchait en animant nos groupes.

Anne, très présente, rayonnante, paraissait fatiguée mais lumineuse. Spontanée, expressive, sincère, elle se disait reliée à Michel, aimante et ...délivrée malgré tout.

J'attends avec impatience qu'elle se remette à écrire pour nous faire passer le message à sa façon.

Si j'étais intervenu ce jeudi j'aurais dit :

<< Merci à Michel qui maîtrisait si bien la parole pour nous expliquer ce qui nous paraissait incompréhensible. Merci d'avoir su écouter, entendre, porter, diriger, ceux qui parlaient mal ou pas du tout et qui ont aussi à dire...>>

J'ai appellé Anne Bercot qui m'a confirmé ton message d'hier, Gérard !

Michel est physiquement très mal en point. Malade depuis 7 ans !

Elle est sereine et l'accompagne en allant toutes les journées à l'hopital.

Voici ce que j'écrivais ce matin :

  Désemparé, prostré pendant un moment :

Oui la vie, la mort, un lieu commun. Ca n'arrive pas qu'aux autres ! Mais pour le phare qu'était Michel, que sa vitalité, sa passion de savoir et d'enseigner, soient sans ressource face à la maladie ? J'en suis particulièrement affecté.

J'imaginais qu'il pourrait s'éteindre un jour, non pas comme une victime, mais plutôt comme les maîtres orientaux en dirigeant lui-même son passage.

L'Eglise traditionnelle nous invitait, hier, à accepter les limites de notre mission : "N'allez pas annoncer le Message aux étrangers". Restons disponibles.

En attendant notre tour, rapidement nous replongeons dans la vie quotidienne : les gestes habituels, les élections européennes... bM

30 06 En attendant le train qui doit m'emmener à Paris pour les obsèques de Michel B.

J'imaginais, je rêvais, tout à l'heure mes retrouvailles avec Geneviève.

* "Comme tu m'as manqué !"

" A moi aussi" me répondrait-elle !

* "Pas possible, j'étais tout le temps avec toi… !"