Industrie
pharmaceutique
Médecins Sans Frontières et Oxfam demandent aux gouvernements des pays industrialisés de se prononcer contre les tentatives qui nuisent aux efforts menés par l'Afrique du Sud pour améliorer l'accès de ses citoyens aux médicaments. Paris le 1 mars 2001.Dans une
lettre adressée aux multinationales de l'industrie pharmaceutique,
Médecins Sans Frontières et Oxfam ont demandé à
39 laboratoires de retirer immédiatement et sans condition leur
plainte contre l'application de la loi sud-africaine permettant d'améliorer
l'accès aux médicaments que l'industrie pharmaceutique empêche
d'appliquer depuis trois ans (Amendement de la loi sur le contrôle
des médicaments et des substances apparentées n°90 de
1997). Le gouvernement sud africain l'avait promulgué en vue de
rendre plus abordables les prix des médicaments.
" Cette plainte reflète l'hypocrisie
de l'industrie pharmaceutique " déclare Justin Forsyth d'Oxfam.
Le gouvernement sud-africain a hérité
de l'apartheid, un système de santé coûteux pour les
patients, et essaie maintenant de répondre aux besoins de
plus de 4 millions de personnes atteintes du sida, plus que dans tout autre
pays dans le monde. Il essaie de répondre à leurs besoins
en dotant le ministère de la santé des moyens nécessaires
pour répondre à ce type de crise et en utilisant les mesures
telles que les importations parallèles, les licences obligatoires
et la production générique.
" Dans les dispensaires des faubourgs
très pauvres de Cape Town où nous travaillons, des dizaines
de personnes séropositives ou atteintes du sida viennent tous les
jours, à la recherche de médicaments abordables. Mais
les prix sont trop élevés et nous ne pouvons offrir un traitement
qu'à un nombre limité de personnes " déclare le Dr
Eric Goemare de MSF.
Médecins Sans Frontières demande notamment à la Commission Européenne et au gouvernement américain de soutenir officiellement le droit de l'Afrique du Sud à utiliser les mesures légales prévues à cet effet. MSF et Oxfam soutiennent également
l'appel lancé par Treatment Action Campaign, (ONG sud-africaine,
qui travaille sur l'accès des malades du sida aux médicaments),
pour une journée internationale d'action le 5 mars destinée
à protester contre les mesures prises par l'industrie pharmaceutique
qui bloque les initiatives du gouvernement sud-africain dans sa recherche
de solutions pour améliorer l'accès des malades du sida aux
médicaments
Liste des laboratoires concernés : The Pharmaceutical Manufacturers' Association
of South Africa
Byk Gulden Lomberg Chemische Fabrik GmbH
5 mars 2001 : journée mondiale de mobilisation contre l'industrie pharmaceutique Le 5 mars 2001, les activistes sud-africains de Treatment Action Campaign appellent à une journée mondiale de mobilisation contre l'industrie pharmaceutique. A cette date s'ouvrira à Pretoria le procès intenté au gouvernement sud africain par une coalition de 40 laboratoires. Son seul tort est d'avoir envisagé d'appliquer des dispositions légales des accords de l'OMC pour améliorer l'accès aux traitements contre le SIDA pour les 4.2 millions de séropositifs du pays. Le 5 mars 2001, Act Up -Paris répondra à cet appel à mobilisation générale, parce que nos griefs envers les laboratoires sont innombrables, pour les malades vivant au Sud comme au Nord. L'industrie pharmaceutique a une dette envers les malades du sida. Il faut qu'elle la paie. Face aux profits monstrueux, qui font de l'industrie pharmaceutique la plus rentable du monde, nous sommes en droit d'attendre quelques contreparties. Au Nord, l'amélioration des traitements pour réduire leur toxicité Les traitements antirétroviraux sont d'une toxicité jamais égalée : neuropathies périphériques, ostéoporose, ostéonécrose, lipodystrophies, lipoatrophie, infarctus, rash, dépression, hallucinations, toxicité hépatique, toxicité rénale ruinent la qualité de vie des malades. Pourtant, l'industrie pharmaceutique persiste à nier ces effets indésirables et refuse de travailler à l'amélioration de ces produits. La situation de monopole que leur confèrent les brevets leur épargne toute concurrence pendant 20 ans. Au Nord, la mise à disposition précoce de nouvelles molécules pour les malades en échappement. Entre 5 et 10% des malades du Nord ne répondent plus suffisamment aux traitements disponibles sur le marché. Depuis deux ans, nous réclamons que les laboratoires mettent à disposition de ces malades en situation d'urgence les molécules en cours de développement dont l'efficacité est déjà prouvée. Jusqu'ici, ils n'ont cédé que quand nos exigences rencontraient leurs impératifs commerciaux. Au Sud, une baisse drastique des prix des médicaments de marque. Les prix des médicaments de marque sont inaccessibles pour les pays du Sud. Pourtant les laboratoires ont toujours refusé d'adopter une véritable politique de tarifs différenciés. Malgré l'annonce fracassante faite par 5 laboratoires pharmaceutiques en mai dernier sous l'égide d'Onusida, les seules réductions tarifaires consenties concernent quelques centaines de malades dans 3 pays (Sénégal, Ouganda, bientôt le Rwanda) pour une durée limitée (5 ans). Et l'offre de Glaxo-Smithkline de réduire de 90% le prix de ses médicaments n'est sans doute qu'un autre effet d'annonce visant à sauvegarder l'image du laboratoire, mais qui tardera à se concrétiser. Par ces concessions mineures, les laboratoires occidentaux prennent en otage les gouvernements africains et parviennent à différer le développement des génériques, qui est pourtant la condition de leur autonomie. Au Sud, le respect des rares garde-fous des accords de l'OMC qui améliorent l'accessibilité des médicaments. Les pays du Sud ne constituent pas un marché pour les laboratoires occidentaux. Et pourtant, ils multiplient les pressions pour empêcher le développement de productions, qui ne peuvent même pas être qualifiées de concurrentes : le Brésil et l'Inde produisent déjà des versions génériques de 5 médicaments antirétroviraux à des coûts jusqu'à 30 fois inférieurs. Ainsi, le producteur indien Cipla propose une trithérapie à 350$ par an quand le même traitement coûte 10 400 $ aux Etats-Unis. Pour étouffer dans l'oeuf cette industrie prometteuse qui fait vaciller leur monopole, les industries pharmaceutiques multiplient les pressions et n'hésitent pas à bafouer les lois. Sous pression du lobby pharmaceutique, les USA intentent un procès au Brésil devant l'Organisation Mondiale du Commerce. Le 5 mars prochain, une coalition de 40 industries pharmaceutiques intente un procès à l'Afrique du Sud pour avoir envisagé d'appliquer des dispositions légales des accords de l'OMC pour améliorer l'accès aux traitements anti-VIH. Au Nord, les pouvoirs publics français comptaient sans doute sur les prix astronomiques consentis par la Sécurité Sociale pour obtenir des contreparties (réduction de la toxicité des médicaments et mise à disposition précoce de nouvelles molécules) d'entreprises qu'on aurait alors pu qualifier de " citoyennes ". A l'échelle mondiale, les institutions internationales comptaient sans doute sur les privilèges accordés aux industries pharmaceutiques par la législation sur la propriété intellectuelle (monopole mondial de 20 ans), pour obtenir des celles-ci une tolérance vis-à-vis de productions -légales- de génériques. Ils se sont trompés. Arc-boutés sur leurs privilèges et leurs monopoles, les industries pharmaceutiques ne feront aucune concession. Il ne faut pas attendre de leur part une attitude éthique, mais prendre les mesures coercitives qui s'imposent. Il ne s'agit pas de convaincre les laboratoires mais de les contraindre. Après avoir fait du profit sur nos vies pendant 15 ans, et aux dépens de millions d'autres, il faut désormais que les laboratoires payent leur dette. Nous leur ferons payer leur dette. Nous fermerons leurs usines. Nous boycotterons leurs produits. Nous ruinerons leur image de marque Act Up-Paris exige des pouvoirs publics français qu'ils se dotent de l'arsenal juridique coercitif qui bridera enfin le pouvoir absolu des laboratoires dans l'intérêt des malades du Nord Act Up-Paris exige des institutions internationales qu'elles abolissent les brevets partout où ils tuent. Act Up-Paris exige des industriels du sida : qu'ils répondent aux exigences des malades du Nord, qu'ils vendent à prix coûtant les antirétroviraux aux pays du Sud, sans aucune contrepartie et sans aucune limitation de volume ni de durée. qu'ils cessent leurs pressions sur les pays qui tentent d'avoir recours aux médicaments génériques. Un rassemblement pacifique dans un lieu public est prévu le lundi 5 mars auquel nous vous invitons de vous associer. Si vous souhaitez y participer il suffit de contacter Jérome ou Nicolas : actupvp@noos.fr ou 01.49.29.44.75 |
c'est
un hazard ou une obsession...
Date : 01/03/01 20:27:31 - " Sida : le procès de la honte " (Le Nouvel Observateur - 1er mars 2001) Sous le titre " le procès de la honte ", Le Nouvel Observateur présente dans ses colonnes " Etrangères " le procès qui doit s'ouvrir la semaine prochaine à Prétoria et vise à empêcher l'Afrique du Sud d'importer des médicaments génériques pour le traitement du sida. L'hebdomadaire signale que d'autres procès sont prévus contre le Ghana et l'Ouganda et souligne que ces actions en justice " sont soutenues par le gouvernement des Etats-Unis, où l'industrie pharmaceutique finance les campagnes présidentielles ". Encore ! c'est toujours issu du COURRIEL D'INFORMATION ATTAC (n°214) <http://attac.org>..... 2- Les multinationales, véritables ennemis de la mondialisation. Ils continuent à le détruire. Un an après l'échec des discussions de Seattle sur le commerce mondial, des groupes entraînés et bien organisés ont, sans pitié, mis en lambeaux la crédibilité de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Si des mesures fermes ne sont pas prises, il existe un danger réel qu'ils provoquent l'effondrement du système de commerce régulé et qu'ils détruisent les efforts pour réduire la pauvreté et l'inégalité globale. Ceux qui freinent ne viennent pas du mouvement de protestation de plus en plus croissant contre la globalisation et l'OMC. Ce sont les gouvernements des pays les plus riches du monde qui continuent à utiliser leur pouvoir pour subordonner l'OMC à leurs intérêts nationaux et à la poursuite des profits des entreprises, sans aucune considération quant au coût que cela représente pour les pays pauvres, la santé publique et l'environnement. Les médias à Seattle, Prague et, dans une certaine mesure, Nice, ont centré leur attention sur les manifestations de rues d'une poignée de "globalophobes" encapuchonnés qui disaient leur mépris pour les vitrines des Mc Donalds. Mais l'authentique bataille avait lieu hors des caméras, où les pays en développement ont combattu l'abus du système des gouvernements du Nord. Alors que les pays pauvres se sont vus obligés de libéraliser leur marché, les pays riches ont maintenu leur protectionnisme, en particulier dans les secteurs comme le textile et l'agriculture. L'autorité de l'OMC qui dirige la globalisation, s'étend à de nouveaux domaines comme les droits de propriété intellectuelle. Le processus des négociations s'est poursuivi d'une manière profondément anti- démocratique, les grands pays préparant les accords en secret. L'authentique catastrophe de Seattle en 1999 a été causée par la faillite des Etats-Unis et de l'Europe à affronter ces préoccupations. Le mois dernier, le commissaire européen du commerce, Pascal Lamy, a déclaré qu'il pensait que le moment était venu pour que la Communauté Européenne revoit sa position sur le commerce mondial si une nouvelle table de conversations multilatérales avait lieu. Aucune mention des réformes que le Royaume-Uni et les autres pays avaient considéré indispensables pour que l'OMC devienne plus démocratique et transparente, n'avait encore été faite. La charade continue. Prenons le protectionnisme. Chaque année, les pays en développement perdent 700 milliards de dollars à cause des barrières commerciales des pays riches : pour chaque dollar d'aide et de remise de la dette que le monde riche octroie, les pays pauvres en perdent 14 du fait de la barrière commerciale. La réduction de ces barrières créerait des emplois et sortirait des millions de personnes de la pauvreté. Malheureusement, le rapport post-Seattle est accablant. Les pays industrialisés ont promis d'améliorer l'accès à leurs marchés à 48 pays moins développés, qui représentent 12 % de la population mondiale, mais seulement 0,5 % du commerce. Un an plus tard, rien n'a été fait. Les pays pauvres qui exportent aux pays industrialisés sont confrontés à des taxes quatre fois plus élevées que celles appliquées aux pays riches. Les pays industrialisés ont promis d'éliminer les restrictions à l'importation de textiles, le 3ème produit le plus exporté dans le monde, mais moins de 10 % de ces restrictions ont été levées. Mais, dans aucun secteur cette double mesure n'a été plus enracinée que dans l'agriculture. Les négociateurs nord-américains chantent les louanges du "terrain de jeu équilibré" pour les produits agricoles, mais les pays industrialisés ont dépensé plus de 240 milliards de dollars de subventions pour l'agriculture intensive mortelle pour l'environnement et les "libre-échangeurs" Etats-Unis ont également accru leurs subventions agricoles l'année dernière. Les pays pauvres perdent des marchés d'exportation et les aires rurales se détruisent à grande échelle, du fait que des millions de paysans d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine ne peuvent pas concurrencer l'agriculture subventionnée. La perte subséquente d'autosuffisance alimentaire est une bonne nouvelle pour les grandes entreprises agro-exportatrices qui dictent la politique commerciale nord-américaine, mais elle est très mauvaise pour la lutte contre la pauvreté. L'Inde, le Kenya et la République Dominicaine ont demandé à l'OMC une clause de sauvegarde alimentaire qui leur permette de limiter les importations pour atteindre l'autosuffisance en aliments. Les Etats-Unis ont bloqué la proposition avec comme argument que cela provoquerait une distorsion des marchés. En réalité, l'OMC est utilisée pour s'assurer que les intérêts commerciaux des Etats-Unis s'imposent par rapport aux droits fondamentaux de l'homme. Le même principe s'applique aux règles de l'OMC sur les patentes qui sont le produit d'une campagne de pression dirigée par les géants des secteurs pharmaceutiques et biotechnologiques. Ces normes ont étendu la durée et l'espace de la protection des patentes et refusent les demandes des entreprises sous la menace de sanctions commerciales ordonnées par l'OMC. L'une des conséquences est que des pays qui ont une solide industrie de produits pharmaceutiques génériques ne pourront plus produire longtemps de copies de médicaments patentés bon marché, pour des populations de bas revenus. Ces industries sont capables de produire des médicaments pour traiter le VIH et le SIDA, à moins du vingtième du prix du marché de ses équivalents patentés, permettant une aide vitale à des millions de malades. L'Inde et l'Egypte ont sollicité plus de temps pour trouver un moyen de s'adapter au nouveau régime. La American Pharmaceutical Manufacturers Association a réclamé des sanctions contre ces deux pays et le Bureau du Commerce des Etats-Unis le leur a déjà signifié. Au moment où la santé publique des pays pauvres est menacée par de nouvelles maladies et variantes, résistantes aux médicaments de vieilles pathologies mortelles comme la diarrhée, la rougeole et la pneumonie, les règles de l'OMC dictées par les entreprises et imposées par les gouvernements du Nord vont priver des millions de pauvres de l'accès à des produits pharmaceutiques vitaux, leur causant souffrances et décès prématurés à grande échelle. Nous avons désespérément besoin d'un système de gouvernement global qui prenne en compte les personnes avant le profit des entreprises et qui permette de partager les bénéfices de la globalisation d'une façon plus équitable. Kevin Wakkins. 1ère parution Correo Informativo ATTAC 76 informativo@attac.org Traduction : traducteurs bénévoles coorditrad@attac.org |
Dernière
minute (25 02 01) : industrie pharmaceutique
Date : 24/02/01 From: georges.magnier@freesbee.fr un extrait du "grain de sable" de ATTAC: http://attac.org
extrait du "Grain de sable" de ATTAC........
Parmi les innombrables groupes de pression qui s'affairent à
Ces " super-profits " ont pour origine la prolifération des
Les firmes pharmaceutiques cherchent à se justifier en invoquant les coûts très élevés de la recherche de nouveaux médicaments. Or, le lien entre celle-ci et le niveau de leurs bénéfices est loin d¹être évident, car une proportion élevée de la recherche est effectuée sur fonds d'État par des laboratoires tels que ceux des Instituts nationaux de la santé (NIH). Néanmoins la question n'a jamais été clairement présentée au public à cause de l'énorme influence exercée par les milieux pharmaceutiques sur la politique officielle. L'un des signes de la porosité des frontières entre ces
milieux et l'
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Le point après Porto Allegre
Zone de
Libre Echange des Amériques et SIDA dans le Tiers-Monde
Comme vous le savez déjà, au moment où nous écrivons, les gouvernements occidentaux et leurs capitaines d'industrie sont en passe de signer en notre nom l'Accord de Libre Echange des Amériques (FTAA). Or ce traité secret est destiné à réduire à néant les conquêtes de la société civile, privatiser les services publics et miner les protections sociales ; en un mot revenir sur tout ce que 500 ans de résistance ont conquis. Notre monde et nos vies vont être vendus à l'encan. Nous l'avons bien compris, c'est pourquoi nous allons les stopper. Les malades du SIDA et leurs alliés seront en première ligne. ACT-UP et la Health GAP Coalition (Coordination pour un Accès Global à la Santé) ont récemment lancé une campagne pour contrecarrer l'accord FTAA. Notre mission est de mettre fin à la pandémie mondiale du SIDA, tandis que celle du FTAA est de la faire empirer. S'il entre en vigueur, l'accord FTAA brisera l'effort croissant des pays pauvres pour produire des médicaments bon marché contre le SIDA, permettant de soigner les 30 millions de malades du Tiers-Monde. Malheureusement, les menaces que fait peser le FTAA sur les droits de l'homme sont si nombreuses et variées que de nombreux militants anti-mondialisation ne n'ont pas encore pris conscience des graves conséquences du FTAA sur les personnes atteintes du SIDA dans le monde entier. Aussi souhaitons-nous donner toutes les informations sur ce sujet à tous les militants anti-FTAA, porte-parole, conférenciers et organisateurs, dans l'espoir que l'opposition de notre mouvement au FTAA mettra en lumière la lourde menace que cet accord fait peser sur les 30 millions de personnes vivant avec le SIDA et en mourant, à l'heure actuelle, dans le Tiers Monde. En clair, le FTAA va tuer les malades du SIDA au Brésil... et ce sans délai. Mais bien plus grave encore, il pourrait repousser de dizaines d'années l'espoir d'un traitement du SIDA dans le Tiers Monde. La misère et les morts que cela provoquerait ne sont pas évaluables. Voici un bref résumé de la situation. Le New York Times l'a annoncé dimanche dernier, avec une franchise qui fait froid dans le dos: "Un jour, nous nous souviendrons avec nostalgie de l'année 2001... quand le SIDA n'était qu'une catastrophe sanitaire mondiale". Le SIDA frappe le Tiers Monde avec une ampleur qu'on n'a pas connue depuis que la Peste Noire a exterminé un quart de l'Europe. Le SIDA n'est pas un simple problème sanitaire limité à quelques régions du globe ; il est en train de causer l'effondrement de l'Afrique dans sa totalité. Plus de 20% de la population de nombreux pays sub-sahariens est porteuse du virus ; chez les jeunes en Afrique du Sud, la proportion dépasse 50%. Dans dix à vingt ans, cette maladie aura des conséquences que nous ne pouvons pas même imaginer aujourd'hui. Le monde n'avait encore jamais vu un continent pratiquement mourir parce que ses habitants sont pauvres. Nous, nous le verrons. C'est pour cela qu'ils meurent... parce qu'ils sont pauvres Le SIDA est une maladie "gérable" pour les Occidentaux et les riches ; partout où elle est disponible, la tri-thérapie a permis de faire chuter les taux de mortalité. Mais les industries pharmaceutiques facturent ces traitements de 10 000 à 15 000 dollars par an et par personne. Les Etats-Unis peuvent se le permettre et rendre la tri-thérapie accessible à leurs malades. Mais aucune nation du Tiers-Monde n'en a les moyens. Dans ces conditions 95% des personnes atteintes du SIDA dans le monde n'ont accès à aucun traitement. Trente millions de personnes sont en train de mourir et la situation s'aggrave. Pourtant la production des médicaments ne coûte presque rien. Tout pays en voie de développement pourrait produire ces médicaments et traiter le SIDA. Mais l'industrie pharmaceutique -l'industrie la plus rentable au monde- se retranche derrière ses sacro-saints brevets pour en tirer des bénéfices chiffrés en milliards de dollars. Pour protéger leur richesse et leur puissance, ces compagnies utilisent le gouvernement américain, pour empêcher les nations du Tiers-Monde de produire des versions génériques des médicaments. L'équation est simple. Parce que les Etats-Unis imposent des politiques commerciales qui protègent les droits des compagnies sur les brevets, 30 millions de personnes vont mourir. C'est pourquoi, au Sud comme au Nord, des gens ont commencent à riposter. Les mouvements américains de lutte contre le SIDA font pression sur leur gouvernement et sur les compagnies prospères, tandis qu'une poignée de pays du Tiers Monde commence à défier l'industrie pharmaceutique en fabriquant les médicaments nécessaires. Ces pays - l'Inde, la Thaïlande, le Brésil et l'Afrique du Sud - ont pris le risque de lancer un grand "MERDE!" "Va te faire foutre !" à l'industrie la plus riche du monde, parce qu'ils n'ont pas d'autre choix. Et le Brésil ouvre la voie. La société civile brésilienne a obligé le gouvernement à mettre en place un plan de santé publique qui fait ce qu'aucun autre pays ne fait : fournir à chaque être humain atteint du SIDA le traitement dont il a besoin. En quelques années, ce programme complet a réduit de moitié le nombre des décès dus au SIDA, et ramené le nombre des contaminations à une fraction infime de ce que les analystes prévoyaient initialement pour 2001. Le New York Times titrait récemment: "Le problème mondial du SIDA a une solution. Voyez le Brésil" Le Brésil a fait plus que fournir un traitement à ses malades ; il a lancé un mouvement dans le Tiers Monde pour le traitement du problème du SIDA. Il l'a fait au mépris des brevets des compagnies, en plaçant les besoins humains au-dessus de la rapacité de l'industrie. Et ceci donne une peur bleue à nos compagnies pharmaceutiques si avides. Le système brésilien fonctionne. C'est le système dont le monde a besoin. Le Brésil se propose d'enseigner à tout pays du Tiers Monde comment mettre en place son propre système de médicaments génériques. En mai, ils pourraient commencer à le faire pour la première fois, lors d'une conférence sur les médicaments génériques et le SIDA, qui se tiendra au Burkina-Faso. La balance commence à pencher du côté de la vie pour les 30 millions de pauvres contaminés, et l'industrie pharmaceutique désespère d'arrêter le mouvement. Les compagnies pharmaceutiques soumettent le gouvernement brésilien à de lourdes pressions. Aujourd'hui, 1er février, leurs valets du gouvernement des Etats-Unis dénoncent officiellement le programme brésilien de médication gratuite contre le SIDA devant l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à Genève. Et leur stratégie pour réduire à néant le programme brésilien est de mettre en place dans le futur Accord de Libre Echange des Amériques (FTAA) de nouvelles lois sur la propriété intellectuelle, plus puissantes et défendant les intérêts de l'industrie privée. Si les Etats-Unis parviennent à introduire des lois sur la propriété intellectuelle plus fortes et pro-industrie, (appelées TRIPS-plus) dans le FTAA, le système brésilien de médicaments génériques sera fatalement balayé La politique du FTAA de protection des brevets industriels contraindra le Brésil à mettre fin à la production des médicaments vitaux de son programme de médicaments génériques ; en étendant la durée des brevets elle sapera le système des médicaments génériques grâce à quantité de règlements paralysants. Ceci augure d'un désastre pour les malades du SIDA au Brésil, mais à plus grande échelle le tableau est plus sinistre encore. La possibilité offerte par le Brésil de traiter le SIDA dans le Tiers-Monde aura fait long feu...et avec elle une chance unique de traiter le SIDA à l'échelle planétaire. A grande échelle,
le FTAA a des conséquences mortelles pour les 30 millions de personnes
atteintes du SIDA dans le Tiers-Monde. Appelons un chat un chat : des industries
prospères, utilisent le FTAA pour tuer des millions d'êtres
humains afin d'assurer la pérennité de leurs profits. Ceci
ne se fera pas. Les malades du SIDA et leurs alliés, du Brésil
aux Etats-Unis, luttent contre cet accord. Et nous emporterons la victoire.
ACT-UP et les associations contre le SIDA dans le monde entier s'opposent
au FTAA, en particulier parce que les dispositions
A la lumière de cette menace mortelle, nous espérons que cette information aidera les citoyens à prendre intégrer la question du SIDA dans leur lutte contre le FTAA ; pour l'instant, le mouvement s'est peu exprimé sur les souffrances et le génocide que l'avidité des compagnies et la mondialisation sont en train de provoquer dans le Tiers-Monde avec l'épidémie du SIDA. Mais le dossier doit être mis sur la table. C'est la vie de trente millions de personnes atteintes dans le Tiers-Monde qui est en jeu ici. Nous avons l'intention d'être face aux négociateurs américains pour le commerce, d'être à Québec et d'être partout où il le faudra pour contrer cette condamnation à mort des malades du SIDA dans le Tiers-Monde. Nous invitons tous ceux qui combattent la mondialisation et le pouvoir des multinationales, ceux qui placent le respect de l'humain au-dessus de l'avidité des compagnies, à se joindre à nos revendications pour que nous travaillions ensemble à la déroute du FTAA. Nous espérons en particulier que tous les militants anti-mondialisation feront de la question du SIDA un de leurs chevaux de bataille. Trente millions de malades du SIDA dans le Tiers-Monde ne devraient pas être considérés comme une question secondaire, une simple note en bas de page. Nous sommes allés trop loin pour cela. Le SIDA et le Tiers-Monde sont au cour des souffrances que cause la mondialisation ; ils doivent aussi être au cour de notre résistance. N'hésitez pas à nous contacter, pour nous faire-part de vos questions, vos commentaires, ou demander plus d'information. Nous avons de nouveau un élan. Mettons-le au service de la défense de notre monde et de nos vies contre le pouvoir des compagnies. Mettons la question du SIDA à l'ordre du jour. Balayons le FTAA et tout ce que les compagnies et leurs laquais tentent de nous imposer d'en haut. Le silence, c'est la mort. La résistance, c'est la vie. PAS DE FTAA! JAMAIS DE TRIPS-PLUS! Cordialement, ACT-UP Philadelphie. http://www.critpath.org/actup/
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