Simone

Chartreuse …désert … !
A un peintre de cloître
Variations sur le précédent
Variations sur la lettre de Saint Jean
Il est certain que nous courrons un grand danger …
Réveil d’une somnolence sommeillante


Il est certain que nous courrons un grand danger ...

Le noir ,le gris ,un soupirail au ras de terre sous une voûté sale.

Murmure d’Ave Maria . .-Seigneur ,Protégez - nous - ponctué de bruits sourds, lointains pour nous Caves profondes du temps des négriers : illusion de protection .Faire bonne figure ,sourire au petit accroché aux jupes de sa grand’mère .Cœur serré, poing fermé ,mon frère calé insensiblement contre mon bras

Broum... .m. . . . m Un grand ébranlement dans les murs et dans les jambes !Un bruit de verre cassé cascadant ;un nuage de poussière envahit la cave par le soupirail.

Nous avons tous rentré les épaules instinctivement, chacun arrondi contre le mur.

Angoisse palpable ,pleine de tremblements et de sueur.

Puis un grand silence :personne ne bouge ,ni ne parle .Combien de temps s’écoule ? Je ne saurai jamais le dire.

Et puis la sirène de fin d’alerte I

Sortir! l’escalier est étroit ,sans lumière: ne nous bousculons pas !Nous écrasons les vitres de la grande verrière tombée. La porte est ouverte .une poussière jaunâtre et étouffante emplit la rue .C’est la maison de l’angle de la place qui a été atteinte à 30 m....près !

Non ! Je n’avais plus de courage ,à ce moment -là . Le cœur écrasé dans un étau. Les jambes qui avancent mécaniquement ; la tète où les mots tournent.

Vite.. .vite . . . . Maman . . Papa . . . . Maman . . . Papa . . . La gare .. Vite .. .La maison . . .vite Papa .. . Maman vite . . . plus vite

Les trottoirs sont envahis par une foule qui court ,hagarde ,ahurie ,débraillée ,silencieuse ,pesante :piétinement sourd de dizaines de pieds qui martèlent les dalles et les caniveaux Vite . . . .vite . . . . vite pour trouver quoi ?

PAPA Un grand cri

Papa sur le trottoir d’en face court dans l’autre sens ,sans chapeau ,la cravate défaite ,la veste ouverte, défiguré par l’angoisse, les cheveux collés de sueur

Serrés tous les trois; nos larmes coulent sur le tissu laineux et l’odeur familière Maman va bien le quartier n’a pas été touché ...;La ville a tout pris ....le centre brûle

Papa remercie Jean Leroux et nous repartons ,agrippés à lui à pleines mains.

Il faut contourner la place Delorme .. . Les flammes de la rue du Calvaire montent haut les camions de pompiers barrent les rues alentour .. . .fond de ronflement

sourd, ponctué du cliquetis des échelles ,des cris des soldats du feu ,des craquements de poutres qui s’effondrent, des explosions du verre qui pète ,des ardoises qui tombent Confusion , affolement ,foule horrifiée ,silhouettes statufiées Fumées grasse noirâtre qui plane ... .et l’odeur oh! I les odeurs ,impossible à décomposer et pourtant qu’il me semble parfois lointainement respirer t

OUI ,il a fallu du temps pour retrouver un peu de calme, pour que le regard se pose enfin avec un peu de sérénité et même de joie sur toutes choses.

Une Éternité de Temps!

Il y a eu d’autres peurs ,d’autres chocs, d’autres angoisses :il y a eu des fuites ,des effondrements, des doutes: il y a eu la maladie ,La mort ,la peur de 1’ avenir ,le désespoir: il y a eu le trou du futur, les interrogations lancinantes ,les pourquoi ,les comment,: il y a eu la haine l’envie d’empoigner ,de battre ,,de tuer ,oui de détruire

OUI ,les dangers sont en nous

Les pierres de notre route ,gisent dispersées sur la place noires ,grises, marrons ,éteintes ,indéfinissables ,sans éclat, sans reflets, denses ,lourdes ,trop lourdes Les trier ,? dans quel ordre ? les rejeter? les disposer? Pour quoi ?

Construire oh f Construire ?

Quelles pierres devons-nous chercher en nous à ajouter ,à mélanger ,à remplacer celles de la place ?

Des bleues ,des roses ,des jaunes ,des vertes ,des transparentes ,des irisées ,des cristallines ,des cornalines ?

Retrouver celles de la Vie ,de notre Vie ,de nos Vies, celles de notre cœur ,de nos sens ,de nos émotions ,de nos enthousiasmes : celles de notre instinct de survie peut-être ,de nos envies ,de nos désirs :celles de nos mains qui brûlent de fabriquer ,de cueillir ,de composer ,mais aussi de serrer ,d’embrasser ,de caresser ?

Quelle mosaïque colorée ,harmonieuse ou cacophonique ,peut en sortir?

La volonté peut-elle suffire à la composer ? Sans liant, la mosaïque ne tiendra pas ? Sur quels chemins nos pas hésitants vont-ils trouver ce ciment ? Quelles barrières en nous faut-il ouvrir ou briser pour trouver l’Autre ,le visage de l’Autre ,l’Amitié ,l’Amour ?

Combien de temps ?

Quelle Éternité de Temps ?

Pour Reconstruire ? Pour Construire ?

Simone






Variations sur la lettre selon Saint Jean


D’abord il y avait la Vie .La Vie était chez Simone et la Vie était Simone .C’est par elle que tout a commencé et rien de ce qui existe n’a existé sans elle. La Vie était la Lumière des Hommes .La Lumière a brillé dans la Nuit .Car la Vie n’ était rien sans la Lumière, mais la Lumière n’aurait pas existé sans la Vie qui l’attestait.

Il y eut un Homme envoyé par la Lumière . Il s’appelait Pierre .Il est venu en témoin attester la Lumière ;témoin de la Lumière. La vraie Lumière qui éclaire chacun venait dans la monde et le Monde existait par elle .Elle a donné à ceux qui l’ont reçue le pouvoir de devenir enfants de Simone .Ceux qui se fient à elle sont nés du sang ,du vouloir de Pierre et Simone .OUl ,la Vie s’est faite, Homme et Femme . .. !

Et nous avons connu la gloire ,la Gloire de la Vie et de la Lumière.

Pierre l’a crié : Celui qui vient derrière moi existe de ce qui existait avant moi

Nous avons tous reçu cette plénitude et cette grâce.

La Vie et la Lumière se sont reconnus en Simone .Ceux qui en sont nés sont mortels ,mais ils ont reçu pouvoir de transmettre à leur tour la Vie et la Lumière .Car les morts existent :ils sont le sas et la porte et le point focal d’où jaillissent ,plus fortes et plus claires

La LUMIERE et la VIE

Inséparables compagnes de I’Univers

Que les Hommes ont nommées

AMOUR.

Simone





A un peintre de cloître


Après quelle enfance cours-tu , femme?

Sur quels chemins as-tu couru,
Que tu recherches encore?

Regrettes-tu le petit train que ton petit frère a cassé?
Où le poney que tu n’as jamais eu le droit de monter?

Les tabourets de la maternelle dansent dans l’air frais du matin,  et tu sautes
   et fi cherches des échelles pour les attraper!
Et tii    ramasses alors les ballons perdus dans le jardin, le tapis effrangé de ta chambre, Et les découpages que le vent a dispersé, sur la table magique de la maîtresse.


Les couleurs chantent dans les pots.
Les tons purs de l’arc en ciel scintillent devant tes yeux.


Sortilèges    

ou Nostalgie  

Méfies-toi, Femme ! La Vie est un long chemin    
Si on ne guérit jamais de sa jeunesse  
On ne la ressuscite jamais non plus   
heureusement 

Mais peut-être as-ni seulement révé d’être Juan Miro ???

Simone 18-08-03.




 Variations sur le Précédent

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«Le petit train ..! ah’ oui! N’était-il pas rouge?
-Mais non .C’ést la 1000 qui était rouge! Elle avait un tender bleu et les wagons étaient jaunes et verts 
-Bien sur! Il était rutilant ,ce train
-Rutilant IComment du jaune et du vert pourrait-ilêtrerutilant?
-Excuse-moi ,je voulais dire magnifique!
-Tu rêves III ét ait déjà tout écaillé quand tu l’as connu .Jean n’arrêtait pas de le faire rouler dans le tas de sable ,malgré mes cris .11 en faisait exprès.
-Il est vrai que ton frère et toi   
-Mon frère ! C’était un casse-cou,un petit démon qui cassait tout ,n’arrêtait pas de me bisbiller et allait se faire calmer par maman ,dés que je réagissais  
-Mais tu te rattrapais avec ton père et les dimanches du train électrique  
-Ah! le train électrique de Papa qu’on installait dans les 2 chambres de l’étage! Tu sais que son origine était un train mécanique que Papa avait électrifié lui-même et puis augmenté peu à peu :les aiguillages ,les voies de triage ,les passages à
niveau ,et tous les wagons ... IOn remplissait les wagons à bestiaux de boeufs en bois et de moutons en papier! Il y avait même des transports de troupes
-Oui ,je me souviens ; mais c’est qu’il y avait des bruits de bottes derrière nos fenêtres....
-Oh ! la jolie symphonie des roues sur les rails.!
_On avait entendu à la radio “Pacific 231” , de qui délà?
_Honneger !Arthur Honneger !C’est un grand musicien ! J’aime beaucoup son «Roi David”
-Tu sais qu’ils vont le jouer au théatre le mois prochain?
-Oui ;nous avons prévu d’y aller.
-Dis-moi ,Pacific 231 ,Tu as le C.D. ? Mets le ,s’iI te plait
-Quelle gosse tu fais!!
-Tu sais bien que nous aimons beaucoup prendre le train .Outre le confort et le repos ,avec le train ,on peut faire toutes sortes de variations   


SIMONE


Réveil d’une somnolence sommeillante

Ma dernière image     ou la première précise.


Une salle salon assez grande, rectangulaire, une grande baie devant ,une plus petite sur le coté :ombragée de vigne vierge et de vignes avec pampres et grappes.

Au milieu de la salle ,des chaises de fer ,peintes en blanc, découpées ,des fauteuils, un tapis.
Une sorte de terrasse peu large et de l’autre coté de la rue ,une façade rougeâtre d’immeuble ,genre H.L.M. avec balcon
Quelques flaques légères de lumière s’étalent sur le parquet ,donnant une impression de chiffonné au tapis étalé devant les fauteuils .Des ombres suggèrent des meubles sur le coté droit de la pièce -.
L’ensemble fait plus blanc et noir que coloré ,sinon légèrement.
    L a première ou la dernière    floue    

De 1’ autre coté de la rue ,la façade est dans l’ombre .Quel genre d’enduit ? lie de vin un peu sale    ? Des fenêtres derrière les balcons ,Peut-être pas .lmpressions de très grands arbres derrière       le toit ou un mur ? Impossible d’évaluer la largeur de la rue    mélange de proche et de lointain

Dans la pièce ,sensation de fraîcheur agréable, vaguement musicale, peut-être ombre du coté serait ligne noire d’un piano
Vague envie d’habiter ce lieu ,comme un lieu connu dans une autre vie ou réminiscence d’un tableau aimé    Monet     Matisse  

Simone