Luce lisant son texte

Sur le sentier botanique

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Un chat miaule au creux du fourré ; voudrait bien que ses appels amènent de l’aide sans avoir à se risquer davantage.

L’amandier a soif, c’est ce que disent ses feuilles fripées. Il ne peut trouver réconfort chez son voisin, qui n’a pas survécu.

Au loin, des cris d’enfants. Tout près, dans les herbes sèches, une abeille cherche provende. Tronc calciné en bordure du chemin. Le soleil est à son zénith, je l’ai vérifié.

Mais voici le petit portail peint en gris, orné d’une charmante invite en forme de guirlande : " sentier botanique ". Sous la voûte des feuillus, saisissement de la fraîcheur, du silence, de l’immobilité : juste le vol d’une mouche, le craquement d’une feuille. Les écriteaux ajoutent à la solennité : " longévité de plusieurs siècles ", " peut atteindre cinq cent ans " … l’étrangeté : " cyprès chauve ".

Le chemin descend, s’enfonce, les taillis s’épaississent. Si, on les laissait faire, se dit on, il n’y aurait plus de chemin, plus de ciel. On pourrait devenir soi-même taillis. Les sangliers ne vous

distingueraient plus.

luce Avril


Valbonne, août 2003



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