Valbonne Août 2003

Sylvie

Le dimanche 17

 L’aéronef s’est posé.

Par les hublots soulevés, ils regardent.

Ils n’iront pas plus loin que ce regard, ils sont prisonniers. Ils n’ont que ces quelques centimètres d’air où glisser leur regard.

Autour il y a le cimetière tranquille.

C’est le matin, et c’est la danse du matin, l’heure des danseuses enrubannées. Comme sur un rail, la ligne des danseuses figées traverse l’espace carré. Leurs tutus plissés presque à l’horizontale font des cônes aplatis irréprochables qui défilent doucement.

Elles sont passées.

Ils regardent encore.

Dans le tapis moussu les dalles aplaties respirent doucement.

Inspir. Expir. Lente respiration du dormeur.

Elles se bombent puis s’incurvent avec régularité, et vrombissent doucement.

Leurs yeux ombrés sont immobiles et ça vacille dans leurs veines. Ils sont comme des valises vides et ils attendent encore.

Là, le cliquetis sur l’aéronef. Les épingles tombent en grisaille, rebondissent, s’esclaffent et griffent et s’entrechoquent et à la fin se piquent - ou parfois se couchent - sur le tapis moussu.

Ils ont vu passer les griffures, ils referment les hublots.

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