LE NOUVEAU CAPITALISME

  Une régression par Ignacio Ramonet


INCUBATION DU MODÈLE

La mondialisation n'est pas seulement l'irruption dans l'histoire de nouvelles techniques et de nouveaux marchés.
C'est aussi l'aboutissement d'un long et patient travail intellectuel dont certains effets se manifestent dès les années 1970, avant même l'arrivée au pouvoir de Mme Margaret Thatcher et de M. Ronald Reagan. Quelques intellectuels, nombre de responsables politiques de droite, de hauts fonctionnaires, entonnent tour à tour le nouveau discours inégalitaire. Et fustigent tous ceux qui ont une autre vision que la leur de l'avenir du monde.

 

LA LANGUE DES MAÎTRES

Le nouvel ordre capitaliste a dû conquérir les esprits autant que les corps. Un déferlement de métaphores individualistes et marchandes n'a donc épargné ni les discours officiels, ni les travaux universitaires, ni les programmes de télévision. Chacun à sa place, sondeurs, gouverneurs de banque centrale et industriels participèrent au travail de conditionnement. Car il fallait que le marché entre dans les têtes. En cassant les solidarités collectives, le démantèlement des lois de protection sociale a garanti le résultat.

 

À GAUCHE, DE NOUVEAUX TERRITOIRES

Aucun système n'est jamais stable indéfiniment. Pour éviter qu'une crise économique ou sociale ne remette en cause le capitalisme de marché (et les avantages que certains groupes sociaux en retirent), il fallait donc s'assurer que les principales formations politiques acceptent le néolibéralisme. Dans la lignée du parti démocrate américain, les partis de gauche ont au Royaume-Uni, en Nouvelle-Zélande, en France, etc. entériné l'idée qu'il n'y avait pas d'alternative. Les milieux populaires se sont alors détournés d'un jeu électoral devenu sans enjeu pour eux.
vers site 2003